mardi 11 février 2014

AF347 - 11 février : qu'est-ce qu'on dit ?

"C'est tout, ou rien."
Rien ? Naaan. La garce, mon vieux. La garce faut la nourrir. Il lui faut ses petits corps mignons, pagaille de sexes jolis, pour qu'enfin elle se repaisse, un peu se calme. Puis ça ne dure jamais. La voilà bientôt qui grogne et réclame. Encore... Ma vieille, bon sang, quel appétit !
Cependant que le tout est un peu en ordre, enfin.
La table mise, chacun à sa place. Le froid, passé par là, a rétabli une saine asepsie.
Plus idée ni microbe qui traîne, que le blanc de la page et le vide des pensées. Fourchette à gauche, pointes vers le bas. Bloquée la glotte, figés les doigts, la beauté partout encore traînante. Petite cuiller, couteau. Toujours le charme fou d'être chaque jour, chaque lendemain simplement être.
 

Alors, sans même avoir plus soif plus froid plus faim, voilà le tableau. Toujours tablotant. Les idées ? Nil. Dans le secouement retrouver le sentiment de leur genèse, l'éventualité d'une vie qui continuerait au-delà du silence, malgré ce petit néant bleu.
Alors qu'est-ce qu'on dit ? C'est tout.
Le tout, c'est l'ordre. Le tout c'est le désordre aussi. Va pour le tout.


This is how you fall
Mais pour l'aimer enfin correctement, faudrait-il la quitter ?
A cette disparition la ville toute polarisée répond de mille charmes. Se fait parfaite, fatale. Aussi il conviendra, oh! surprise, de repartir sans trop attendre. Mais d'abord, savourer. Savourer la rue, rendue à la lumière. Le pied, l'œil, l'oreille, enfin libérés. La galerie des visages passants au quotidien, simplement mauvais, parfaitement ravissants. Puis les fêtes, et l'ivresse !
Il y a cette danse, trouble fête, qui répète et boucle : boom! boom! this is how you fall in love !
This is how you fall tout court, ouais, t'vas voir si le prochain avion, contrit d'amour, atterrit sur le nez. T'vas voir ! Si... la prochaine rue.
Si... la prochaine ivresse.
Si la vérité, dans le fond, et sur les bords ? 
Cependant que durablement ébranlé toujours, vient le jour, arrive la fin.


La dernière larme du Lagavulin - 16 ans- glisse amère au gosier, et on casserait volontiers cette quille vide et toute autre sur la tête du pilote pour exaucer ton vœu, danse, femme, envoûteuses.
Cependant l'avion volera. Les avions voleront. Quitte à  en prendre trois, huit, mille pour dépister le vaudou. Conjurer le sort. Brouiller la trace en pissant sur une idole amère. Fumer un poison, et revivre libre, n'importe quoi ! 
Alors Paris tout petit et l'amour, de ces deux là, de tous les autres, tout entier concentré dans les sexes tout petits si multiples, divers, infiniment variés. Tous! Rendus à l'horizon, condamnés à disparaître sous des pintes de bière. Alors le monde, comme jamais, pour toujours, sera, aura été. Continu.