vendredi 24 mai 2013

AFR111 - 24 mai : retour avide, cavitation

A cette occurrence le potentiel était tel, telle l'impatience de réussir, si forte la conviction que pour travailler il suffit de travailler, pour réussir réussir, pour jouir vivre, … 
On allait pour changer de vie.
Reprendre pied et longue foulée.
Tout comme avant et mieux qu'avant. Tout plus grand la femme l'homme, la verge le plaisir. C'était fort, c'était l'dernier, j'étais avide j'attendais boum, mais ce fut flop. Cavitation ! 

Paris, ce retour ce retour
il vibre en moi très fort, 
sape les mots, brise la dynamique !


J'ai ramené d'Asie ce porte-malheur très puissant, qui donne aux rails des courbes bien vilaines, déraille le plus vaillant des trains. alors qu'un nouveau convoi s'ébranle, tout vibre craque et tremble, l'alerte survient, je sais la menace comme un murmure. Le murmure. Le murmure assourdissant et permanent.

Comme un bruit parasite à l’intérieur qui t’épuise,
Qui te répète « t’es comme ça, ou tu devrais, ça changerait rien si tu changeais».

D'abord léger mouvement de fond, vibration imperceptible.
Le voilà maintenant qui gueule. Assourdissant. Permanent.
La peur survient, que voici, servie chaude, pleine et entière. J'ai peur.

Le temps n'y peut mais. Il continue. Il approche. Le temps approche pour une cérémonie dûment préparée. Ce porte malheur doit crever dans les flammes avec craintes et doutes, tout ce drôle de foutoir. On brûlerait ça, un lundi soir. Alors si la maison ne brûle pas avec, c'est gagné ! 
Tu t'y connais en incendie ? En incident ? En vie ? En envie ?

D'abord craquer l'allumette. 
Non, d'abord regarder la ville, la lumière, les jambes libres et dire : voilà. Je suis rentré en gare centrale, fin des tribulations, quelle est la suite ?
Beaucoup de suites. Beaucoup de questions. Trop de questions ! 
Trop d'énergie et pas assez d'humour : c'est pas une recette à servir souvent. 



Ce retour. ce retour vibre si fort !
L'instant était-il si fragile ?
Il n’était pas fragile.

Pétri de doute à m'en ronger les sangs, je me retourne bien 3 fois, allez, 4 !
Draps froissés, lit en guerre, les oreillers suintent de larmes et c'est déjà le jour alors je retombe sur tes mots, les mots, tous ces mots partout dans la ville, les miens les leurs et tous les autres, tous ces mots dans les livres, et ces mots et ces mails, tonnerre !
Exactement ça. Changer. Arrêter. Repartir.

Ce retour vibre. 
Il vibre en moi comme un canon, je tremble de tous les côtés, le sabbat est plié, où est la fête, plus de fête, quelle est la suite, plus de suite ! Personne ne sait, tout le monde fait semblant, personne ne te dira ! Voilà le vrai voyage, mon idéal aimé et tant craint : un blizzard flou, la ville, une tempête d'inconnues, juste ce qu'il faut pour le malaise, et un peu plus, et un trop plus.

D'un dernier sursaut, je tente. Se travestir. 
Voilà Sylvain Brunet. Bile désincarnée du grand crémateur. Ultime vibration de son pan d'encéphale condamné par l'échec. Dernier sursaut de sa verge juste repue dans le grand foutoir d'après.
Voilà, je vous appelle pour mendier un dernier tarif, une ultime information, clore débat, fermer boutique. Après, on me dissout. Après, je m'arrête d'être : place au début de la suite.



Beaucoup d'amertume dans cette dernière gorgée de café, mais aussi un grand soulagement : le porte-malheur aura tout emporté. Il doit agir sur tout, sur toi aussi, surtout sur toi, car tout ce que le Sully a de bon, est bon.

Les cendres de mon porte malheur, ce Haiku, le kit de prière, la vidéo, un dernier jus, un texte, une ultime rédemption, la biochimie des cerveaux déconnants, la ville, cette ville, notre ville, et tes jambes et ce lit, je regarde ce que la vie nous lègue, nos sexes brûlants, nos corps pantelants, cette fin est un nouveau début, chacune des lettres de tes mots et de ceux que tu cites sont les pointillés d'une frontière très claire, au-delà de laquelle ni bille ni verge ni vibration, pas de Sylvain, pas de Brunet, préserver la pureté comme le blanc immaculé d'une crème glacée, qu'on lèche, tout juste, à peine, qu'on baise, doucement, du bout des lèvres.

La suite : grand grand mieux, pire pire pire. Un bar où on boirait. Des jours longs, des courts. Des mots affûtés comme des poignards. Une ligne rouge de sauvegarde, des balades, la ville.



Puis encore un tour. Toujours un retour...
Tout ce qu'on avait cru un jour, alors résolument décidé, il faut en faire un paquet qu'on aura oublié là. 
Beaucoup de temps a passé. Des cortèges véhéments, aussi. Des chiffres au cadran, des nuits, des humeurs, plein de trucs, belles et bons. 
Comme tu titubes, tâtonnant ta route à travers la fin de ce temps mort, revoilà ce paquet. Plein de cendre et poussière. Volonté et passion, si ténues et fragiles, sont séchées et perdues ; seules restent les idées pures. 
A l'heure du dernier retour on calerait tout ce bordel sous un caillou percé, quelques kilo d'explosifs : et pan !

Voilà que, durablement ému
durablement troublé 
durablement perdu
la vie reprend.