mercredi 17 juillet 2013

AF0083 - 17 juillet : retour à l'anormal

Livre rien ! Lâche rien !
Des sentiments bien enfouis, du désir récurrent et polymorphe, de cette pulsion de vie qui à elle seule se fait toi tout entier.
Laisse crépiter dedans, fuser les mots dehors, brûler la sauce dans la casserole urbaine, si c'est cramer qu'il faut. Et pour avoir été vilain, le charbon qu'il reste, on te l'offrira à Noël. C'est noir des idées dans la cavité buccale, salive emplâtrée, que se savoure ce néant gustatif !

Cette nouvelle précession urbaine commence un midi. 
Le zénith. Comme la lumière, la ville crie de violence sèche. 
Tantôt aboyant, resplendissant, débordant, le macadam s'écrase aux pieds. Et il est tout saturée de jolis corps ! De culs ! De désir en tous sens ! A ce retour Paris en effusion est belle comme jamais.


Dans cette ville chacune de vous est plusieurs à soi toute seule.
Chacune de vous est à moi et ne m’appartiendra jamais. 
Appartenir ? A part tenir. Et quoi encore ? 
Encore faudrait-il s'appartenir un petit peu. Mais à rester vannes bien ouvertes sur le monde, on ne se possède même plus. Appertinere ! Quand plus rien ne suffit au gouliafre, que chaque seconde promet, déçoit, bientôt fermente, écrasée dans la mémoire...

Alors non. Faut laisser brûler, bien brûler. Foutre, et alimenter le foutoir. Gérer le cloaque comme à coups de pieds, à coup de fêtes. 
Avec les complices, on tente : une bonne grosse gabegie, musique trop forte et tout Paris au même endroit. Ça marche ? Ça ne marche pas. Le son comme le reste, est parfait : tout est raté !


Le reste : de tout, de rien. 
Jamais comme prévu. 
Jamais comblé, et cependant abattu de fatigue chaque soir. 
Couchers tardifs, nuits trop courtes, le hamac trop gréé prend la ville plein travers, gîte d'enfer. Un reste d'alcool me bout dans le sang, sang déjà bouillu de l'extraordinaire foutoir que composent les parisiens en chaleur.

Le reste : moi ici, toi là. Quelques mots, beaucoup de distance. 
Le reste. Presque rien. Tel une petite série de chiffres à la droite d'une division. 
Le reste ce serait l'histoire d'un mec. Non. L'histoire d'un binôme. Ou mieux, l'histoire d'une rencontre. Ou encore, de ces affaires qu'on mitonne sous une tabatière, toujours mieux sous une tabatière, en écoutant Tommy chantonner au loin sa belle fureur nocturne.
Le mec part, part et repart, disparaît, vanishes, une vraie manie. Un fort poison précipite dans ton cœur.

Je te regarde dans ta vertigineuse course à la jouissance. 
Cœur désaffecté. Mécanique désincarnée du sexe. 
Absence terrifiante de tendresse.
La vie continue, et ses brusques poussées de joie.
Ça vient par les pieds, par la terre, l’escalade vers la plus haute branche. Joie en bandoulière, joie fiévreuse de moineau. Le cœur tourne sur son petit pivot d’acier, bien accroché, irrigué par un flot irrépressible. Vibrants microsillons du cœur.

C'est peut-être dans le dédale des mots, de nos histoires, de nos mémoire, que se cache la clefs des voyages, de notre devenir ?
Ou ailleurs. Qu'importe. Tout ça n'est rien. 
Demain, il fera jour et nous serons vivants. La nuit n'a pas lieu, c'est juste les yeux qu'on ferme. Le reste n'a pas lieu non plus d'ailleurs. Je ferme les yeux. Scintillez dans les ténèbres, ce sera toujours ténébreux ! Le reste est nul et non avenu. De cette non-advention naîtrons les désirs futurs. 
Comment ça marche ? Simple. La glycine va maintenant inhiber vos motoneurones spinaux, on va rester tranquille, oui ? Bientôt le néant onirique. Alors tout ira bien. 



L’écriture court après l’absence la présence le non-advenu l’a-venir
les mots jetés dans l’air s’abattent, se faufilent par les pores de la peau
ne cessent jamais leur travail entre l’ici et le là-bas
défient le monde qui nous heurte blesse bouscule
pétrissent l’informe le difforme puis jettent tout aux orties
écriture qui appelle exige met en demeure en instance en partance...

Drôle de séjour, drôle de circonvolution.
Le départ approche. Le départ attend.
Alice est dans mon lit. Je regarde les étoiles, les étoiles me regardent. Il y en a qui me jettent des éclats furieux. Toute une constellation qui maudit les rencontres, les plaisirs, les lendemains. Il y en a même une qui répète « Pas Alice, MAMAN !, pas Alice », avec un fort accent...


A terme, avec le plein de Jet Alpha et réacteurs full throttle, forcément : l'avion décolle et s'éloigne, vroom toujours... C'est mé-ca-ni-que.
Le temps d'un survol j'ai bien pensé parfois qu'il me recracherait, comme dans les histoires de cachalot. Le pirate en jambe de bois se retrouve sur une île perdue, intact. 
Mais non : bien perdu, jambes de chair et divers continents. 

L’énigme de notre retour elle, reste entière.
On l’a bien cherché.
Cherchons encore ?
Ton idée, ma perception, OK.
Cherchons plus ?
Une énigme, un ticket de loterie, un avion qui décolle,
des moments, et une énergie intacte pour résoudre ça,
hasta la proxima...