dimanche 29 mai 2011

AF1901 - 29 mai : ¡ tomemos plaza !

Discussion par surprise
C'est un avion qui commence par une discussion
c'est rare une discussion, surtout sérieuse, surtout politique
que dès le lendemain, je me rappelle, un billet de l'anagnoste aplatissait bien méthodiquement
déjà dispersés par la nuit mes petits arguments en désordre courraient partout en poussant des gniii, gniiiiii, gniiiiiiiii d'angoisse pure
pauvres petits de simple principe, vite jetés, vite cuits, petits jeux de dialectique rouillée... Mon verbe droit est stérile, mon gauche pend avec l'air de pas mieux,
quelques poils blancs, même
faut s'inquiéter !
lutter pour une poésie politique !!!    ¡Ariba lo retorcido!
Guillotine aux échanges réglés !    ¡Tomemos plaza!
J'avais dit : ce bouquin ne vaut peut-être que par son titre, mais il vaut, il vaut !
Et alors voilà qu'à Madrid, tomemos plaza, la ligne 1 me jette en pleine foire indignée, et là un truc : se passe.
Il y a un groupe qui hurle et pleure la mort de la démocratie.
Un autre en ballet et photos, el rey esta con nosotros.


Révolution ou pas, avec mon petite apôtre qui en vaut bien douze, on va se refaire la cène dans tous les débits de sainte boisson, jusqu'au piano géant de la calle Almirante, là, c'est quelque chose, et nous et l'Espagne toute entière on chante au chevet de l'Europe...

Silence par surprise
Pendant le temps du voyage, un silence plein d'échos s'est fait
ma garce ne répond plus, mais les mots
de Natalia - éloge, invitation, ¡¡¡por sorpresa!!!, estoy ebria
de Nathalie - valeur, temps, malentendu, intimité, amoustache
font de ce silence aliénant un singulier tintamarre

¡ por sorpresa !
on ne fait plus rien que par surprise
l'amour le voyage et les mots à l'envers, comme les enfants, à l'envers, 2011 par surprise, par surprise hop t'es mort

Retour par surprise
Une fois rendu au sol on peut défaire cette ceinture, baisser le pantalon et ridicule, sauter pieds joints jambes entravées, jusqu'à la chute. Là, surprise, on m'a confié un chat miaow, tout pour de vrai, un modèle équipé de quatre pattes une queue que je sais même pas comment ça s'allume,
et tire les poils,
et tord la queue, ...
En fait je m'imagine tout ça, assis là dans le RER, à me dire mais bon dieu qu'est ce qu'elle fut, que se passe-t-il sous cette garce frange baladée partout partout, dans les bars, dans les bras... Mais à l'arrivée, les chats, déjà verts et secs, sur le dos, se reposent pour toujours,
et des branches, des feuilles leurs poussent,
triste sort, mais résultat bien décoratif
Inquiet, je pousse l'hypocrisie d'un cran, les arrose de croquettes, saumon, crème fraîche, 5 minutes au four et me précipite pour annoncer que
"oui oui, tout va bien, ahaha, comment, non, sisi, miaow de béatitude et tout, tiens, ils m'adoptent, me font un calin, ahaha, sacré bébettes gentillettes"
et d'un coup de pied dégage ce tas de poils déjà sec, bam!, contre la commode, les feuilles en tombent, que dire que faire ?
A la fin, tout s'emmèle. Croquette de poisson aux plantes engrais sur les ailes du piu-piu et Lili qu'est enfuie, le chat bientôt repus et toute cette ménagerie entonne un air nouveau. C'est la mélodie du prochain vol.

lundi 9 mai 2011

AF 833 - 9 mai : l'urgence de la mort

Liste de numération de l'hémogramme, liste des constantes initiales, liste des gens à prévenir, liste des amours d'une vie, liste des frères des soeurs et des autres, des riens, liste blanche que lit un aveugle, et qui n'en distingue qu'une surface uniformément noire, noire sur fond noir, et si ton nom était écrit dessus ce serait pareil
Il y a des listes... je ne sais pas.
Pour celle-ci je suis l'aveugle et Olivier a les yeux ouverts
je crève de froid et tousse, mais rien désormais ne le fait plus frémir
Vacherie de vacherie ! Satanée imposture !
On m'avait dit : quand tu es loin faudrait rester distant
sinon gare au loup, très rare dans ces contrées, car le serpent les a tous mangés, du coup il dort fermé à point on s'amuse à lui taper le ventre pour faire japper Milou, éh!, mais comme la knife policy interdit les bouts pointus, pas moyen de te sortir mon brave, ni les loups, qui sont rentrés dans Paris, comme chacun sait ?
Et si c'était une nuit
Comme on ne connu pas depuis,
Depuis cent mille nuits.
Une nuit de fer, une nuit de sang,
Une nuit, un chien hurle.
Complètement avalé, avalé par la surprise, par l'urgence de la mort, saisi par le manque de pulls, qui sont presque rien comme une peau qu'on arrache, et ma chair, pétrifiée, arrachez aussi!, arrachez tout!!, vous serriez surpris : quand il n'y a plus plus rien -que les os, et de l'air autour!-, le festin commence et le sage prend la parole, sagement :
Même si nous ne mourrons pas tous, nous serons tous avalés, et cela instantanément, en un clin d'oeil, quand retentira le signal, au dernier jour...



Garce, ma jolie garce, compagnone de tous les ailleurs. Et du retour... On est là comme deux cons, saisis par l'urgence, donc.
...Et la douceur des longs crépuscules de printemps.
Pour l'accord, mes tripes se révoltent décident de jouer très fort une partition sévère de pets!, crampes!, ouille!, dévident tout et le reste jusqu'à plus rien.
Élancement du corps en peine, vertige du poisson propulsé dans mes tripes dans les airs, fièvre folle dans les water closet du 330-200.


Au final l'avion colle ses grosses lèvres sur la passerelle en F7, s'ouvre et dégueule sa foule bigarrée. Vlan. En tout dernier, à reculons, je me traîne vers la supercherie. Nous voilà rendus, pied et main rendus à nos destins parisiens.

Dans les couloirs carrelés un barbu multiplie les poëles, un peu inquiétant, c'est mon humeur peut-être, la mort du mec, les bombes afférentes?
Je ne comprends plus goutte au sens parisien, trouve partout à y redire. Regarde l'herbe entre les pavés et elle est rance et jaune et le champagne tourné. De la parisienne ne subsiste que le masque d'une affreuse suffisance, le regard vitreux ni quiet ni steady*...

Là-bas en arrière je sais l'Afrique toute entière mienne, ayant trouvé le secret de l'immobilité, pieds dans le fleuve
j'ai fait un trou au sol pour y planter ma verge
alors, tout le continent vibrait de notre amour.

La nuit même un jeune homme
fruit pur du continent
regard fiévreux, inquiétant,
voulait que je lui jure amitié éternelle
et lui offre une canette de coca.

Dans ces quartier où pas trop de blancs vont se perdre, pour pas dire, aucun!, je pose mon derche - ouvre ma boîte de sardine - le silence se fait - le ciel s'ouvre - dieu vient partager le pain et saucer l'huile au fond de la boîte en me serrant les épaules. Sympa-fichu-tapeur, lui aussi.
On finit sardines marocaines et biscuits turcs, en admirant ce pays qui ne fait rien, attend la manne, savoure la misère, pourrit doucement sur la branche du continent en savourant la fin du stock d'arme, en attendant la prochaine guerre.

(*: mais ouf il y a des parenthèses partout, il y a des parenthèses sublimes, il y a des parenthèses place Voltaire, il n'y a plus rien, que des parenthèses qui nous y retiennent)