lundi 5 décembre 2011

AF083 - 5 décembre : et sinon ça va toi ?

Mais tu t'ennuies ou tu t'amuses?
T'en as pas marre des voyages? Ou au contraire?
Ta sœur va bien?

Aussi longtemps que j'aurai ces jambes pour fuir
Ouais. Le salut, hein, salut gars !! partons loin !!!


Alors pendant que maître Sirifo, grand marabout à Barbès
termine d'éplucher l'exuvie, commence chants et imprécations
les deux trucs avec os muscles sang juste ce qu'il faut s'achèvent en dernières caresses, et le jour se lève.
Mes jarets courent les rails, sautent sur la carlingue, on ferme les portes puis les 4 CFM56-5C poussent aux fesses, attention, nous voilà : plein nord !

innovative technology, low fuel consumption
rien de tel qu'un excès d'aéroplane pour curer le mal, les maux
les drogues ? Effet secondaire de la ritaline ou collatéral du mal ?
dès avant l'avion, 2011 s'est faite repeindre toute rose, couleurs sexes jolis des filles, qu'est-ce que cette année, satanée, illusion ?



Ce coup-ci on irait balader très loin les scories d'un naufrages et petits restes de rachis sacré, tout est poussière et je m'endors. Dans un éclair il y a bien icelle du 42G qui me regarde un coup, genre faisons la galipette, toi moi, alors je me rappelle, me redégoûte... et me rendors. Retour aux seins de mes rêves, des fesses comme ça en défilé militaire, par rangs de cent, à pincer à sucer à mordre
il n'y a de salut que nulle part
au-dessus de la banquise
je pleure une goutte et frappe le hublot
mais rien ne casse et bientôt on atterrira, comme une punition.

tentons tout de même, joindre les mains, tendre le corps, un bon plongeon c’est avant tout lâcher prise, le reste s’improvise dans la chute, il faut un peu négocier son Cx avec les gaz, penser fluidité du corps, et tout ce sang qui nous remplit, nous envahit, gargouille même jusque dans ton sexe, dans ta bouche 
 


Puis si le voyage ni la lobotomie ne prennent,
je tenterai les électrochocs
et, si la fibre profonde de l'être et l'éther s'en mêlent,
alors, on verra !
Le jour est mou
le jour est presque liquide
le jour s'écoule entre les doigts de mon poing ouvert
fermer le poing ne s'envisage pas; ici on ouvre et on laisse filer
ici nouvelle frontière, avancez d'un pas, 
au signal, reculez d'un pas,
un signal, ne bougez plus, jamais plus, les jours les nuits ne
distinguez plus, les yeux les poings, ne fermez plus, c'est une zone
de non temps, rare zone de non temps, non espace, non être, non
richesse, non dialogue

Les jambes, une ville, à nouveau,
poser les deux pieds juste le temps de perdre l'équilibre
boire une bière, Pacifico!      -brewed in Mexico-
et dormir encore un peu. L'heure de se lever. L'heure de manger. L'heure de boire. Dormir encore. Et déjà,... l'heure du retour.


Rendu à la ville, tout très bon, très beau, très gentil
cherchant dans mon reflet les stigmates, une trace,
quelque preuve tangible de notre déshérence
l'oeil s'enfonce dans le vide, il n'y a rien
quelques poils gris sur fond gris, perhaps : rien.

Si je ne la vois pas, c'est qu'elle n'a jamais existé.
Pour que les choses existent il faut que deux conditions soient remplies, que l'homme les voie et qu'il leur donne un nom.


Heureusement mon coach est un type formidable.
Il juge. Tranche. Radote les vérités premières.
"Trop inauthentique, ton obsession pour la verge aura fini de dégoûter jusqu’au dernier caribou, si encore, je ne sais pas, et puis ferme ta gueule, casse-toi, barre-toi!, file encore te réactoriser, t’encapsuler dans l'habitacle, comprimer le sang dans tes jambes et remonter des coagulats, file au loin!, barre-toi toujours!, sous l’équateur, en Afrique, au Brésil, aux Etats-Unis d'Amérique du Nord !"

Chassé comme le chien. Ce regard sur Paris comme un nouveau départ. Je pense. Les prochaines fois seront la bonne. On poussera le nombre mach et la dose de narcoleptique, full thrust et tout l'espoir n'y pourra mais


Puis à la fin, rien. Que reste-t-il ?
Le plat de ma main fermée en poing, au fond des poches. Rues glacées. Quelques passeports vestigineux ballottent dans le sac. Une fatigue sans fond, et toute cette magie du monde à venir.

 ___
Parfois le murmure se répand 
que nous sommes visités par des ombres transparentes.
Qui sait ? Qui sait ?
Comment retrouver leurs traces 

quand on a peine à se retrouver soi-même ?

lundi 28 novembre 2011

AF3017 - 27 novembre : fausse candeur ou vraie maladresse ?

It is autumn and the yellow leaves are whirling,
All human affection has died on earth.
The autumn wind sobs with bitter tears...*

Il faut dire que le douanier avait son drôle de sourire des mauvais jours - quelque papier mal trafiqué ou quoi, un mensonge de trop, je ne le saurai jamais. Lorsqu'il a commencé à serrer ma gorge l'anoxie s'est vite faite sentir
tremblement d'abord, puis convulsion,
révulsion de l'oeil ensuite, secousse.
Qu'on se sent mal, sans oxygène...
 

 Arrivé presque aussitôt à la porte du grand bordel, San Pedro s'est avancé et, sans un mot, m'a balancé sa sainte sandale sur la couture du testicule gauche. Pan !
Douleur sur la douleur. 
Putain de bordel de gloomy sunday. En vérité, j'ai pensé en remourrant, l'hospitalité n'a plus cours nulle part. Avant que je ne m'évanouisse il a ajouté : vous me ferez cent lignes de je t'aime je t'aime je t'aime... 



Rendu sur terre, perdue la magie, sac testiculaire bel et bien percé, cremaster froissé comme un ruban de vieille fille, j'avance en titubant vers la dernière ligne droite de 2011.
Décembre ! Vacherie de vacherie ! 
Les arbres sont morts. Reine est morte. Olivier est mort. Les lutins sont morts ! Sauve qui peut ! Bénis soient-ils ! Rien ne va plus !!!

Pour Nöel 2011, menu spécial. On ne bouffera que de la cendre, par grosses poignées, cendre grise, forcément, et insipide en diable. 
Il conviendrait d'inventer la cendre multicolore, tu sais, genre goût banane ou passion, no fat, zéro calories et qui piquerait en bouche comme un bonbon de foire. On en décorerait les champs de bataille, la vie des chiens serait toute neuve, à vous rendre jaloux. Et puis la fin des soucis ! La faillite des oeuvres sociales !
Mais la régie me sonne. Le chien est mort, disent-ils dans l'oreillette, et le bureau des brevets est fermé le dimanche.



Alors ?
Alors carne traînant dans les rues de la ville
je suis comme ce clochard là-bas
bras plongé jusqu'à l'épaule dans une benne de souvenirs
soudain en voilà un qui parle de gare de bus, Tokyo ? Capetown ? une gare centrale ? tous les temps se confondent sur cette impression forte : je suis là, un jour j'ai été là, je suis où j'ai été, quelque chose à propos de ce verbe, dans l'état de ce verbe qui tourne en rond, ne tourne pas rond.

demain vous serez toujours, et toujours et encore serez
et serrez bien fort comme ça, en tournant la poignée
pour que l'espresso de la vie passe lentement et tout le temps
bien noir riche et amer, les lutins seront, et la reine toujours

Et ainsi va des hommes. Et du monde. 
Le monde, petite commune de sept milliard d'habitants, où la vie se fait long street que l'on parcourt de bar en bar. On y trouve des boutiques ethniques aussi, des fish & ships et boîtes et clubs. Quand t'en arrives à bout, au bout, t'es heureux, t'es sourd, t'as parlé à tout le monde, bien que tu ne saches plus à qui...


Dans cette putain de ville des 7, je tombe encore sur le crevard de service, mon ami de la dernière heure. 
Il dit, ça, c'est qu'une voiture, j'en ai plein d'autres.
Il dit, là, je connais tout le monde, sert la main d'un dealer édenté, joue grêlée de vérole, je te présente le manager du lounge VIP!
Il dit. 
Il dit, toi et moi, on est pareils, on voyage partout.
Et crie pour tenter d'être écouté. 
Je le regarde un peu. Verrouille mentalement tous les loquets écoutilles, barrière après barrière. Ferme les accès de ma conscience. S'il te plaît. Dis-moi bonne nuit. Ferme ta gueule. Barre-toi ! ...J'aime bien mon nouvel ami.

Moi, lui, et tous les autres, rendus aveugles et bêtes lorsque la lumière du ciel soudainement scintille, variation ténue, léger voilage, continuons long street. La radio dit, zinquiétez pas, c'est une simple atomic experiment, continuez paisibles, citoyens.
Mon coeur a tout juste suspendu une de ses contractions cependant je sais que tout en signaux faibles, 2011, toujours 2011, ma meilleure ennemie, vient de jouer la supercherie finale...


Ce jour, un jour, les horloges s'arrêtent. Comme vache, tu regardes passer ta vie. Tout se joue là. Au détour d'un dimanche soir, bim, une aile d'insecte a frôlé ton oeil. Ouvre les bras!, laisse s'échapper les dernières scories de ton existence ! Et crie !
Crie tes convictions, jusqu'au dernier mot
et cet ultime, en sortant, laissera l'enveloppe sèche
quintessence de l'humain : l'exuvie...
De ce résidu translucide on fait un une poussière blanchâtre.
Le vaudou de château d'eau s'en sert pour une incantation très puissante. Faisons cela. En avant pour une tentative de magie situationnelle !



Avec Santa Clauss ridicule et complice on invitera les mêmes duddes, à la même fête, dans les même murs.
Ya pas de raison. Ça doit marcher.
Les même. Même alchimie. Même décors. Même heure. Un verre. Deux verres. Vous dansez, mademoiselle ?

il n'y a rien qui en vaille la peine trop longtemps;
les choses se terminent souvent comme elles ont commencé. 
Entre les deux, il n'y a pas grand chose...

___
* Gloomy Sunday ou szomorú vasárnap, est une chanson guillerette de  Rezső Seress qu'on fredonne en se regardant dans la glace, alors qu'une bitter voice in the mirror cries, "Hey, Prince, you need a shave." !

vendredi 28 octobre 2011

AF2305 - 24 octobre : Nous avons tous été ceux qui partent et ceux qui restent

9h30, émergence
la fatigue est encore là et quelques lambeaux de nuit aussi, le combat continue contre un oreiller, une princesse me mord le tibia, un avion chute interminablement sur le dos, impossible d'y voir clair, ni écrire intelligible, je referme les yeux.
 

10h30, deuxième tentative
tout entier dans le bain de ma sueur alcoolique et la tête tourne ou bien c'est le paysage, rien n'est stable, ni l'horizon artificiel, pas même les draps, les chiffres du réveil sautent et changent de place, mais dix heures trente quand même, de la rue monte la rumeur des clients à l'assaut de la boulangerie cris chocs pleurs et bruits de dent sur croissant sans défense.
Un pied sur le sol me dissuade, me dit doucement, là, tout doux, retourne au chaud. Ferme les yeux.
Alors je referme les yeux.


11h30 déçus de l'efferalgan
ne croyez pas aux sirènes du dextropropoxyphène. Ça fait pareil la douleur s'en fiche, le temps passe et midi approche. A ce stade il faut choisir quelque autre mauvais remède, ou garder le lit pour toujours. J'en tente un, pas commun. Dans le doute, plaquette entière, donnons leur chance aux empoisonneurs.
Puis me jette un mauvais futal, coince deux trucs dans un sac. La guérison est au bout de la rue, tout de suite à droite, Montorgueuil, puis au fond du vestige des Halles droit vers les pistes, vous pouvez pas vous tromper

20h30 Rome
A la pizzeria le vieux patron se jette sur une cliente qui allait payant, partant. Saisissant sa tête à deux mains, il l'embrasse. Dans le silence qui suit, ma tête, toutes les têtes, et tous les yeux de tous les gens, fermés, vivent comme une pause dans le rêve, revoilà la chambre, le lit : la journée tourne en boucle. 


Je rouvre les yeux. Rome est toujours là. Cligne à nouveau, longuement, et l'avion, d'un grondement, m'emmène. 
Dans ce retour comme par erreur, quelque chose est arrivé.
Un long ruban d'asphalte a guidé la Goldwin vers un bureau. 
Où j'écris. Efface. Écris. Efface. Et recommence. 
Ce quelque chose est récursif et envahit le système.
A ce bureau planté, le silence raisonne. Plantés moi et tous mes camarades de plantation, ceux de New-York Kennedy, de Montréal, de Los Angeles, de Washington, d'Atlanta, de Tokyo Narita, de Abu Dhabi, de Pointe Noire, de Douala, et chaque heure la liste d'annonce, le programme, mon banquier, les grévistes, tous ensemble enlatinent une vilaine ritournelle d'avion tombés des étoiles. Paris t'a avalé, Paris les a tous avalés!, et je vais vous rejoindre...
Et moi qui cours après
Et moi qui cours après au milieu de la nuit
Mais qu'est-c'que j'lui ai fait?
___
Le titre, à l'origine destiné à un voyage sur rails, a été lâchement subtilisé à aspirine.

vendredi 14 octobre 2011

AF445 - 10 octobre : tentative de noyage

1. Pourquoi
Un jour faudra que tu dises pourquoi tu voyages, 
pourquoi tu ne tiens pas en place à nos yeux, 
alors que dans ton pays mental, tu es là au même endroit, 
comme un grand phare qu'aucune tempête n'abat.

Docteur,
Oh mon docteur,
dis, pourquoi je voyage? Je ne sais pas pourquoi je voyage. Je cherche le verso de ma carte postale, parviens à sentir au revers le léger relief d'imprimerie la date le lieu, qui diraient enfin la genèse, le pourquoi ?... Et pourquoi la frontière, pourquoi pas dans les corps dans les âmes les coins et recoins, dans le petit trou de balle obscur du chat dont on ne caresse jamais que la tête, et le cou.
C'est peut-être que né apatride, je recherche l'envol, ou que l'envol me cherche ?


Père, mère, enfants, toute la famille
réunie autour du cadavre de ce chat
qu'on a jamais vraiment su si de son vivant miaulait,
fouillent les abats. Le sorcier et tous les magiciens d'avant, le chat, aussi, par erreur cannibal, cherchent du bout de la fourchette cette vérité en lettres d'imprimerie
mon numéro de série !

Et le chat repousse, d'un revers de patte 
ces toutes petites choses.

2. 1ère vie
A cette descente d'avion
Melinda, 22cm, voix grave, seins véritables, fesses incroyables, nous accueille. Bienvenue, elle lance, ici c'est le corps comme à la création, avec un carré!

Je lève mon poignet. Rien. Quelle heure est-il?
Il est une autre. Pas la même.
Je sens la piqûre sans parvenir à distinguer les aiguilles, à cette distance. Sens aussi le virus, le vaccin?, comme un sang chaud se répandre. Mais quelle heure est-il bon sang!


Il est la nuit. La nuit se passe à l'hôtel. Lanterne rouge. Dans cette chambre trop belle, on a dessiné un carré, un lit?, au sol, où entasser les sacs de foutre. Au-dessus, un miroir maculé raconte mieux que les cris, imprécations, bruit du couteau sur les dents
il y a des traces bien verticales, de 4, ou 5 doigts
d'autres partent sur les côtés, vont, viennent, oscillent
ou encore tiennent une position, dessinent un poème
je m'endors doigts sur ces runes, la TV hurlant quelque édifiant pornographisme sexuel et explicite, où il est question d'une dame honorable, d'un plombier, puis d'un autre, et un autre, et un autre, et un autre...

Au réveil, sur la plage
une vague géante couvre l'horizon
notre christe lève sa jupe, réprime un frisson
et pauvre moi, 700m mètre plus bas, QNH 0!, je vois la promise, l'immense, la fin du monde se dresser : sans appel
l'instant d'après, comme un  moustique dans la cuvette des chiottes tourne et tape et choque
la recherche d'un gaz toute entière m'obnubile
c'est la première tentative de noyade.

2. Interlude, recette
Pour la caïpirina, vous prendrez tout ce qui est doux, là
trucs, câlins, étreintes, tout. Réduits en poudre, matchaqués.
On ne doit plus distinguer, ni quoi, de qui, de tout ça.

Il faut marier en écrasant avec du jus, du qui pique :
vos ulcères, mes douleurs, leurs poings, nos gueules, les piques, vacheries, l'arme de ce petit gars aux yeux rougis défoncés, pointée toute une nuit sur ta poitrine, l'extrait d'humeur des autres gens, préavis de grève, AVANCEZ DANS LES COULOIRS S'IL VOUS PLAÎT !, etsétéra

Puis la cachaça, la cachaça, c'est le miracle!, un alcool comme tous les miracles, un miracle dont pas une goutte ne se cache dans mes valoches
faute à, va savoir, je ne sais,
accès de fièvre, crise d'ébriété, fatigue, crève,
ou c'est qu'obnibulé par quelque cul
traçant sa courbe dans mon champ de vision
j'ai jeté en vrac en sac en duty free : gel hydroalcoolique, coussin cervical, eau minérale, sac de bonbons, tire bouchon, et payé!, toujours payer!, avec le sourire payé, puis embarqué.


3. 2ème vie
Dans cette deuxième vie, je ne sais toujours pas pourquoi.
Pourquoi je passe des méridiens
croise des gens
ferme les yeux
et on parlait de fuite, fuir encore, fuir toujours,
à certaines dates comme ça, avant d'être vieux
où la vue des phares et du sommet, t'enfuissent.
 
Et puis ici, on est bien. Ici, c'est plein de zamis, de collègues, de vagues, de bières, et de ventilateurs au plafond. Il y a un chat aussi, et quand les quatre murs seront tombés on volera, lui, moi, dans ce qu'il reste du jour.
La porte s'ouvre. On va poser nos coussinets dehors. Observer le monde avec les moyens du bord. Analyser ce pied, cette main, cet oeil, ...le monde entier est parmi nous, entre nous. Une observation qui nous réuni, de l'univers qui nous sépare. On se tourne l'un vers l'autre, collons bouche sur museau dans un baiser bestial, saveur croquette poisson/poulet.


Puis vient la faim. Il miaule. Avisant une tortue à l'horizon, tahio!, je saute. L'eau fraîche de Cabo Frio pince les fesses, frémissement, deuxième tentative de noyage ? Après quelques brasses essoufflées, je me remémore un précédent.
Un an plus tôt, on avait enterré Henri et tenté une toute première, Louis, moi, sur la plage de Mesnil-Val. Au milieu des vagues de l'écume et du froid, deux petits bouchons ballottaient sous les yeux des survivants. C'était comme de vrai et presque réussi.
Alors je réalise
me retourne vers le bord, vers le chat
et crie avant de disparaître
J'AI REUSSI ! C'EST LA TROISIEME ! ADIEU !

4.vieux et mort
Dans le retour dans la mort, la ville est grise
l'appartement jonché de mégots, glacé le métal de la tour
je cours au dernier refuge, mais ni Ahmed, ni Rachida n'y sont plus
A cette occurrence de la petite mort, le Pasteur a disparu.
Le pasteur est mort, vive le petit pasteur !



C'était une ville pleine de gens, de cariocas, et de sable aussi
des milliards de grains, qu'on a remué, doucement, du bout de l'orteil.

Là, tous buvant de moins en moins, se couchant de plus en plus
et tout partout tout le monde, allait courant nageant
sportant de plus en mieux.
J'en ai saisi une poignée, laissé pleuré entre les doigts.
Ça ne désemplit pas.
Il suffit de fermer les yeux.
C’est de l’autre côté de la vie.

mardi 20 septembre 2011

KL0569 & KL1229 - 20 septembre : Karibu! Jambo!

Voici le pas de porte. Pas de porte.
Porte coulissante...
Et tourniquet ! 
Avant d'entrer, enfiler nez rouge, gros godillots. Inspirer un bon coup. C'est l'apnée d'un jour, l'apnée des jours ouvrés...

1- take a big breath
J'ai mon petit secret. Me concentre sur une battement de cil, les 3 premières heures. C'est que j'ai de longs cils. Plonge alors toujours plus profond, profond et fort le gourdin sur la conscience, à deux mains et avec de grands moulinets remonte des trashs, des rêves, des morceaux d'inconscient jaillissent couverts de petits bouts de cervelle
les apnéistes ils disent de faire la carpe, d'avoir le contrôle de son corps. Puis restent au fond. Moi, je monte. Je retiens mon souffle, appuie sur le bouton d'ascenceur, pffff, dziiiiim, c'est là mon étage.



La porte s'ouvre sur une 14ème 'Kilimanjaro'. J'étais alors pas loin de penser définitivement, de pensées définitives, de convictions détergentes, d'amour universel. J'en ai ouvert une autre.
Mes voisins de bar aussi, universels, et amoureux, d'autant que la bière est chaude, bien chaude la température, et le soleil, aussi
Amour! Maladie universelle, elle t'attrape au contact de la bouteille -fraîche, si possible- sur le corps, frappe à la poitrine jusqu'à reddition ou rupture, touche les ivrognes aussi, surtout les ivrognes!, consommateurs au soleil, vacillants si pas assis, assaillis des pensées, 
les binaires de la veille ou du lendemain, 
en saturation de fraternité et amour, 
je me mets à parler espagnol à la serveuse
lui arrache son petit panier de plastique, et fuis.


2- plongée introspective
Au deuxième stade de l'apnée : écoute. L'intérieur est tout remugles, bourdonnements, feulements des idées, battements du coeur. Passe alors un marmot noir comme la nuit
Tchling tchling tchling, partout me suit
Tchling tchling tchling, partout m'observe
Tchling tchling tchling, le petit garçon partout avec moi dans la ville sur les plages sur l'estuaire et même, alors que tous ont rejoint les faubourgs, traversé par le bac, Tchling tchling tchling, dans toutes les rues sombres de tout Dar Es Sallaam, ce couillon : me poursuit...

Porte fermée vérouillée, fenêtres closes et clim à fond, le tourisme des origines est bien mort! -dead roots-, mais ce petit sorcier envahit jusqu'aux rêves
comme je me défends, il emmène neveu et nièces dont la vaine quête me laisse exsangue au lever du jour. Il faut contre-attaquer.


Tchling tchling plouf, le tout était d'un geste leste, de le pousser, voilà!, dans une béance de la chaussée. Le trou fait bien 6, ou 7?, et dans un dernier froissement de monnaie, tchlinguelingueling disparaîtrait l'importun.
A moins que je ne vole
à moins que je ne fuie ?
Ce soir le navion, plein nord!, décidera

3- panique respiratoire
Au troisième stade de l'apneé : décompte. De dix à zéro, ou cent, ou mille, la sortie de l'état de grâce se fait dans la douleur, le plexus en redemande, les poumons sucent du carbone et on fait des yeux comme dans les meilleures séries Z. 
   Décompter doucement les étages de la tour Eiffel, les boulons et IPNs n'importe quoi, sauf respirer !

L'autre option ? Revenir ahah, revenir, pourquoi pas, une fois la petite démonstration faite, regardez comment, contre les aléas tracas avis médicaux conscience raison écologie, je vole, je vole!, 
et puis bon, après cinq minutes le nez au ciel les concitoyens lassés se détournent, quelque autre compulsif m'aura volé la vedette. Trique-trac.
  

La double dose de septembre était une île qui commence par la fin de l'alphabet. L'exploit, là-bas, c'était dormir, manger, traîner avec les hommes, loin de bêtes. No safari. L'exploit c'était flotter à la surface sans descendre dans le bleu. No diving.

C'était juste être, j'ai été, dans la chaleur, été, sous le soleil, été, "vous avez de la chance, c'est une saison sèche sans pluie". Alors j'ai laissé le petit sorcier vendeur d'allumettes et cigarettes courrir un peu sur le tarmac,
on a poussé les gaz...

C'était la Tanzanie entre deux portes d'avion, le Kenya entrevu d'un banc de l'Aéroport Jomo Kenyatta. Ils ont lancé un désinvolte kwaheri na tutaonana, j'ai repris mon souffle et voilà...
Le retour! Le vrai ? 
Paris, les gens! 
C'est l'automne aussi! 
On dîne, on boit, on dort.

dimanche 11 septembre 2011

Autoroute A2 - 11 septembre : Ces petits mots

Cravatte enrouée, menton comme ça, coupe en brosse, tête haute
chaque mois tout pareil, l'agent bancaire fait son petit bilan
sort, frotte et range à nouveau toutes mes billes dans son coffre
puis va récapitulant -feuille petit carreaux, écriture penchée- chaque détail de couleur et forme
ensuite il édite sur feuilles perforées l'extrait des mouvements, invoice, transaction, payment, comme autant de preuves d'existence : achat, loyer, vente, abonnement !
Apprends à vendre à acheter à revendre
Donne prends donne prends

 C'est là, au milieu de la page, comme une tape sur le front
PAYEMENT CB 0909 JOUYENJO7112
que je découvre, olàlà, keskessest quecettaffaire?
PAYEMENT CB 1109 BEST-GHISLAIN
Des pompes à pétrole ? Moi ? Jouy-en-Josas ? Saint-Ghislain, en Belgique ?
la bonne blague, une arnaque, un vol, ou...
Ou un voyage sur l'A2, certainement somnambule
une visite sur la Grand-Place des origines
la gare, la véritable Gare Centrale de Bruxelles ?


J'aurais donc été là-bas, spourait-il?, là-bas pourquoi, là-bas pour rien, pour la Ballon’s Day parrade, ou le salon des chiens et chats, ou encore une croisière en ascenseur sur les canaux du Nord ? Ça ne tient pas bien la route, mais pour y être allé, j'ai du en revenir, c'est implacable de logique, à défaut d'être  correctement rédigé.

Et comme ça la logique implacable te rattrape, un jour, en grande procession de saveurs de bière, gauffre de la Nieuwstraat, moules frites avalées en catastrophe avant qu'enfin... un retour...
Là-bas un chien toujours d'enfer -que même Brigitte B. voudrait l'éplucher et le brûler- des zaminches, et leur marmots en devenir, des tables des chaises, et comme partout le soleil, les maisons, trop bien les maisons, trop bien la ville, trop bien la moule, trop merci


Sur la deuxième page du relevé bancaire
un payement 'HERTZ'!, et l'instant d'après un bibendum de milles cartons s'effondre dans le salon
une transaction 'ICASQUE.COM', foudroyante d'efficacité, mais le casque n'en est pas encore revenu
quatorze versements 'AIR FRANCE', wahouwahouwahou, tout que des navions!, un rêve d'enfant

et à la quatrième ligne... cette petite carte bleue si chaude si volage et moi entrons chez 'LEMESRE' le temps d'un panama, à la santé de mère-grand, qu'on ira mouiller le lendemain sous la belle drache de septembre


Troisième et dernière page. Il est marqué merci, merci encore. Ton banquier qui t'aime. Go on, make money. Merci ! Puis la lumière tombe, tout est tellement gris soudain...la pluie nous gagne. C'est la fin des beaux jours.

Tu vas me revoir, mademoiselle Bruxelles
Mais je ne serai plus tel que tu m'as connu
Je serai abattu, courbattu, combattu
Mais je serai venu

mercredi 31 août 2011

AF 185 - 31 août : J'étais au bord de la mer

30 août, fin du grand ramdam,
le soleil pointe doucement une face bête et heureuse
c'est le retour
le premier de longue date
retour d'une vieille promesse et le mercure enfin replonge sous les 30, la vieille promesse prend son petit air. Les vieilles promesses ont parfois ce petit air agaçant, bien suffisant, l'air de rien, l'air de dire, EHE, mais tout doucement..., éhé, je sais moi. Tu sais quoi tu sais rien, je suis venu, bordel, même pas de ma faute !... 
3 ans en arrière j'avais fait les pires choses 
Tué dans l'oeuf, fui en Chine, posé bagages, jeté regrets
mal assumé, pas assumé, jamais assumé !!!
et ramené une carte, et une promesse.

Voici les premiers cafés depuis la pulsion du départ... la machine claque grince grogne et bip, veuillez prendre votre gobelet

1er café - Saint Lazare
"J'étais au bord de la mer"...
Faut essayer. C'est pas faux, voire plutôt véridique. 
Tentant cette phrase partout où on la réclame, conscient qu'elle n'explique pas la coupe incroyable, ni le visage imberbe, j'en suis quitte pour constater
voilà l'effroi dans leurs yeux à tous, les trois lutins qui frappent et frappent de leurs petits pieds et leurs petits poings en criant satyre!, satyre!, mafemme en sanglot, son visage son regard disent trop bien qu'elle ne me reconnaît plus, l'oiseau comme un fou en cage, me mordra, quand il aura fini de rompre du bec cet amas de ferraille,
et pourtant quoi, c'est bien le même, la même came, quelques idées saugrenues en sus, forcément, aucun navion même tout petit ne vous en préserve, il faut bien désarmer le toboggan, à un moment, ouvrir la porte, à un moment, 
alors l'air brûlant de là-bas s'engouffre, 
alors même du fond de la bétaillère, 
respiration bloquée, les secondes sont comptées... C'est d'abord la brûlure au visage sur la peau au contour des narines puis la rétention devient, la rétention difficile, la rétention n'est plus!, respiration, fichu réflexe, d'un coup : inhalation, l'air est un sirop bouillant
ce sirop, vecteur de toutes les idées, mémoire de l'oxygène, sonorité particulière
ce sirop pendant des jours, pendant des nuits, pour seul compagnon.



2ème café - une station de tram
C'était un temps déraisonnable. On s'employait à chercher ailleurs ce qui est partout comme les diamants du jeu d'arcade, comme le mario brosse de suzy, partir partir pour, pour pour partir, triple P, ailleurs
A ce moment le captain est devenu quelqu'un. Notre manitou. La confuse autorité. La certitude intacte. Monradeau.
Moi, je serais bien resté, mais tout l'équipage trop aimant trop mathématisé à l'idée que je rate un jour d'école
tout l'équipage s'est démené, le pitaine en personne jetait du fret sur le tarmac en criant vite vite vite, puis ils m'ont poussé dedans, t'aurais fait quoi, toi, sanglé assommé en quelque verres j'étais foutu, fini. Finito !
Je me plains. Est-ce que je me plains ? Est-ce que je pleure et crie ? Nada. Macache. Alors je suis resté plié dans ma bétaillère, sage et docile.
 

3ème café - faites un geste pour l'environnement
Voilà Paris. Ainsi donc, pendant que j'ai les yeux sur la tour unique, des zigues prennent leur bateau quotidien pour aller à Central, se disperser dans les tours dans les bureaux. Hop, 25 minutes dans les relents d'urée, de bile, c'est leur transport quotidien. Le quotidien des autres gens.

Les jours de typhon, dispense!, ils tapotent leurs genoux du majeur et de l'index en faisant Pom Pom Pom avec la bouche en rond, comme ça. A Hong-Kong et partout ailleurs les gens pom pom pom pendant que nous, on sert des boulons,
il n'y a que les voyages pour éclairer cette frange de réalité cachée sous les bourrelets du quotidien

A Hong-Kong où sont pathocouple, touriste, québécois, vendeur de magasine sous cellophane, et toute la masse grouillante de Chungking Mansion aussi, pareillement ensachée dans une pointe d'Asie.
Et j'y étais, vraiment ! Je peux même le prouver. J'ai gardé le maillot, là, encore trempé, et qui empeste, et toute la valise en remugle anaérobie, joyeusement ! Ça champignone, verdit, rosit, Blazy n'a qu'à bien se tenir, impressionné, bougon.
C'est le troisième café, nouveau jour.
Je vide ma tasse, puis ferme les yeux...



C'est le commencement d'un jour, le fade et pâle recommencement de ce qui semblait fini, le vain recommencement du plat petit jeu de l'infini, la reprise de toutes ces choses usées par tous ces hiers. Je songe à ceux qui se lèvent à la même heure tous les matins, à tous ceux qui sont en train de boire du café à la même tasse, à la même table et aux mêmes fenêtres que tous les autres matins qu'ils ont eus. 
Un matin est une tasse usée, une table usée, des fenêtres usées et une maison usée.

lundi 18 juillet 2011

AF5844 - 18 juillet : L'absence, mais

Ça aurait commencé comme un mariage : il y avait une femme toute blanche ; pas vraiment son visage, ni ses cheveux, nan, mais engoncée de blanc, toute blanchite, purifiée en diable
qui dansait.
Une piste. On dansait. Je sautais. L'estomac en opposition, sautait aussi, toute la salle en délire criant : prolapsus!, prolapsus!, et je me suis réveillé dans l'avion, mal au tripes.
 Le réveil dans l'avion, c'est toujours un truc... Les roues pètent au contact et t'ouvres les yeux comme pour la dernière fois et ça sent la peur les voisins gémissent comme s'ils avaient à arrêter l'avion de leurs petits bras. Aérofreins ! Que je leur dit. Autobrake ! Thrust reverse ! Ânes bâtés !
Et lançant avec hargne tout ce qui se trouve, sac à vomi écouteurs plateau chaussette de confort et trousse à maquillage
Enfin, l'avion s'arrête... On s'en était foutu excessivement plein la lampe ce soir là. Et du manger, aussi. Un mariage pour de vrai, en somme, maintenant que je vois le petit présent de dragées.
Quelques images reviennent. Un mariage.
Quelque part dans la nuit Fatima avait dit entre 4'zieux, aussi pintée que la coutume l'interdit, que patachi et patacha, que cette vie de patachon décidément... Et Vive cette Vie, j'ai meuglé, santé, et cogné la bouteille vide contre mes dents...
Puis encore un beau matin, dix jours plus tard, via San Siro, jeté sur les marches de l'église m'écriant toujours, Vivent les Mariés ! Qu'ils vive ! Un cri profond comme la fin d'un voyage
voyage dont c'était la fin d'ailleurs
voyage comme moyen discret d'aller
vers Nice, Beyrouth, Rome, Gênes,
improbable moyen de toucher un dur fiable
en plein débandade de juilletiste.

A ce départ de juillet on a filé, moi, ma garce, vers un improbable Liban. Qui en fait d'improbable s'est avéré vraiment réel, bien sec, bien raide, et plein de bruns barbus avec des yeux. Leur yeux : muets. Alors elle m'a dit "je croyais pas que tu viendrais". Mais ce n'était pas un rêve, et comme en songe le transport, les collines, et quelques oliviers déjà défilaient à la fenêtre
je ferme les yeux, je revois ça (et le béton, plein de béton).

Alors tous deux croyants peu, jouissants bien quand même, avons traîné pantalon blanc, beige, gris, noir, en pays copte, maronite, chiite, druze, syriaque, protestant, chaldéen, dans ce patchwork bordélique
jusqu'à plus en pouvoir

jusqu'à débandade, fuite, gare infernale de Charles Heilu, hôtel toujours plus simple, même pas moins cher,
jusqu'à l'instant de grâce
où, suspendus vers la crête
pouce tourné plein ciel
dans le vent et l'air pur
on attendait un chameau.
C'était un chemin élevé,
quelque part entre Bcharre et Baalbek...

Et dans ce trou : point de chameau.
Essayez de regarder un trou. Longtemps. Au soleil. Fixement. Les yeux sèchent et pleurent. Et la poussière. Un poisson passe en remuant la queue. Pas de chameau.
De l'absence de chameau dans tous les trous du monde on faisait ritournelle pour jambes fatiguées. Courants vers le bas. Du chameau. De l'absence. De l'absence, mais! De cette absence d'absence, de dessert de navion de soleil ? De poussière de voisin de vol, jusqu'à l'absence de tout, quoi, l'absence totale
le vide absolu
cette absence d'être
absence d'ennui...

Admettant que dans le vide absolu, on ne vous entendra pas crier, le patachon en profite pour jouer qu'il serait enceinte. Bientôt papa. Mille larves cachées dans les ruches. Au rythme actuel, père d'une dynastie. Nous referons les villes, sauf Paris. On rentrera par les fenêtres ouvertes. On boira plein d'hydromel. Fin de la parenthèse.
La fin. Le retour.
La fin va toujours plus vite. On boit. On sourit avec les dents. On mange. On rentre une fois dans une ville, c'était un mercredi. On rentre une deuxième, plein sud, un lundi. On rentre pour de vrai et la ville est là frémit quand on la touche, lundi, lundi ! Un lundi déblayant la neige accumulée dans mon jardin je retrouve Paris et quelques seringues rouillées. Ma came est là
je plante
mes bras
dedans.

dimanche 26 juin 2011

TP250 & TP436 - 26 juin : vivre, outrageusement

Il faudra coudre patiemment 42 navions sur ta jaquette
m'avait dit le sorcier, et j'ai acquiescé
pour que te poussent des ailes, et alors?, alors, petit mec,
à toi la liberté,
le style enfin nouveau
l'expression la clarté, et le vol à outrance !


Combien ? Vous avez suivi ? Combien de putain d'ailes faudra-t-il encore, satané menteur, brigand!, je savais je savais pourtant, mais j'ai continué, tenu bon assiette stable domaine de vol honnête et cap régulier, rails parallèles?, et de pays parfois lointains rentrant toujours plus lentement
vers je ne sais plus quelle vie, pauvre vie...

Ce coup-ci ils ont dit : il va pleuvoir
et maintenant, file! va te ravir à Lisbonne
où ? pourquoi pas ? moi si j'ai un conseil à donner, à suivre,
celui-ci mieux qu'un autre, va te ravir mais d'abord : Soyo.
Nouveau départ. Pour me cacher du gris cette fois-ci,
ayant découvert qu'il n'y a pas de manière moins directe
plus retorse
j'adoptais, à nouveau!, le fuseau GMT+1, sous l'équateur.

Là-bas, pour apprendre que la routine parisienne n'est pas tellement abjecte. On a mis mon sac dans le gros ventre d'un A340, avec une étiquette dessus. Là-bas, un bout de nos vies est allé s'égarer autour du rêve et du totem géant.



Soyo. J'y jouais à observer mes pairs sans admiration, ennuyé en diable. Jouais à regarder le monde par dessus leurs têtes, fixement
jusqu'à les yeux qui pleurent
jouais jusqu'à oublier d'être
oublier tout mais l'envie, toujours
toujours présente, d'abord petit agacement, chaque fois plus, puis urgence impérieuse, pour finir comme fureur que les mots sont bien faibles à rendre. Faut voir les yeux fous de mes compagnons d'infortune!, pervers du métro, allant tripatouillants les vestiges fripés de leurs idéaux, figés aux pieds des escaliers dans l'espoir de l'aperçu fugace,
camarades frustrés, camarades jouisseurs,
vicieux, dépravés, méchants que nous sommes
notre pathologie polymorphe est la fesse rose,
l'espoir de ce siècle !


Elle était bizarre, cette Afrique.
Derrière des barrières tout ce qu'il y de plus provocant
ennui mou et atonie fleurissaient en journées de 12 heures
et, surprise, comme tout bon chat* de Balkemore & Cooper, c'est un modèle de barrière qu'on accepte et qu'on tient. A terme elles font plus rien, les barrières, l'esprit fuit au travers, et aussi quelques poches de gaz vont s'échappant retrouver le grand extérieur, faire leur vie parmi les hommes à coup de petite flamme, aller venir comme les hombres en démocratie...
Dans cette topographie du barbelé, la mémoire en vase clos va, s'étiole et disparaît. Les livres : itou... Oubliés ! Écrasés ! Ayant replacé patiemment tous leurs mots en bon ordre dans l'encyclopédie, ne restaient que l'image de couverture, et le code barre, dernier repère.
On a été comme ça au bout de ce monde, et une fois rendus, encore
chercher les mots
parler de l'absence et du désir, le pour le contre,
pour toi, contre moi, tous les mots...

J'ai compris ça
encore savouré l'ennui, l'ennui solide, infiltré partout,
rayon agaçant,
ennui en poudre, poussière partout présente,
cousu quelques avions de plus
et chuis rentré.


Retour à la vi(lle)... Retour en désir, retour en appétit, de se repasser le solstice dans tous les sens, ouvrant les yeux à l'aube pour tout jeter dans la bataille du jour, à commencer par le plus précieux, ne gardant que l'inutile, mangeant le superflu, mangeant, enfin!
Au premier arrêt parisien j'ai été téter au refuge de Rachida & Amhed. Le vrai réconfort commençait là. C'étaient les racines du monde. Puis, jouissant à nouveau de la pesanteur des tripes, toutes frontières urbaines retrouvées, venait le temps de lancer des perspective, prochain plan, liste, fête, gens ?
Le temps de reprendre cohérence.

___
* "Je vais faire le chat aussi, le chat, posté en attente tous muscles tendus, hop hop hop, comme on dit, attends voir si c'est pas deux gros matous, d'un saut je suis sur toi et lèche lèche, sans griffures déjà c'est bien, si l'aile est cassée il faut y mettre de la chaleur tout plein la couver comme un œuf de chat, éh, tu ne savais pas, on nous le cache, un œuf comme ceux que les chats cachent sous les poules depuis la nuit des temps afin qu'on ignore leurs amours adultères."

lundi 6 juin 2011

ES 9054 - 6 juin : a bit of London

Paris, Gare du Nord centrale ?
De retour d'une Réunion devenue soudain tangible
c'était Londres, pour un très cartésien meeting :
8 mecs en colère autour d'une table, Room 1
Évanescence des noms, des tronches,
moi repartant comme de zéro, d'une vie nouvelle,
et cette table était notre île de l'océan Indien
Sur l'île, un paysage très coloré plein d'arbres splendides:
2 bleus clair unis, 1 bleu rayé, 1 bleu-beige rayé, 1 noir sans boutons, 1 mauve rayé blanc, 1 marron ironless, très commode pour l'avion, et cette lione en pantalons tenant les commandes, faisant défiler items et dot points à coup de souris et de rayon laser
Des dot points aussi, sur les cravates, dur dur dur
mais toujours pas interdits !

L'ennui faisant mon lit je me repasse quelques messages anciens. Quelques "Personne ne va t'angoler" et vachardises chroniques plus tard, yeux filants sur le décor, je compte encore
au plafond, 9x7 pavés blancs, et 8 lampes, 6 HP, 1 smoke detector incrustés.
Pas même quelque salvatrice envie de meurtre
ou incontrolable turgescence
juste la neige du sommeil et la question permanente
pourquoi pourquoi pourquoi ?

Pourquoi les 15 chaises -moirés intéressants-, les 3 plantes vertes, les 2 écrans plats, le gros œil de la vidéo conf, les 2 photos corporate, le vidéo proj, et le white screen...
Au paradoxe du sommeil d'une table 9x12 
qu'on discute et discutte et discuttte
pourquoi naît et grossit un débat ? 

De deux yeux fatigués, jargoniqués, pas ouverts ni vraiment fermés, j'admire comme on piétine, recule, sans fin, tourne en rond, en carré, en patate, dansant autour du trou de l'absent, du tabou de sa chaise vide.
Les hommes continuent tournent s'agitent et grincent sans comprendre qu'en fait
c'est une réunion de chaises, des chaises très sages qui écoutent et jugent nos vaines colères. J'en carresse une depuis six heures peut-être huit espérant un acte de grâce, le privilège de quatre roulettes...

Londres ! Londres, c'était comme la France en gris, sans cocotier,
une pluie bien fraîche vient finir de ruiner le souvenir du soleil
et la toile thermocollante ne résiste pas à la vapeur et cloque

La petite fatigue du voyage m'accompagne partout désormais, comme boule de noël sur sapin du retour : ce truc qu'on garde longtemps avec circonspection,
qui fait tout et un peu toc,
et parfois zgling dans les faux gestes
dans ce brouillard du retour c'était Paris en un jour comme une nuit, où tout serait confondru, et les villes, et les airportsLHR, ORY, LIS, LAD, SZA...

AF 3583 - 6 juin : a glimpse of Paris

Paris, ...garce centrale. Ou plutôt : Orly, pour ce retour a-b-régé
en 2h. Sous un nuage... Est-ce la ville que j'ai laissé ? Je ne sais pas.
Cependant même terminal
même chariot à roulette -numéro #0923956975-
même astrolabe ?
... Je ne sais pas, mais on peut en parler ?
De retour déjà, comme un envollement
la jonction de mai à juin passe alors
c'est le mi-temps de l'année
le compteur fait un tour et repasse à zéro avec un gros claquement sec. Ce mi-temps, c'est l'échéance d'un semestre d'imposture. Voilà l'huissier saisissant quittance, pied de biche, grommelant "vacherie de vacherie". Sur son cahier au premier juin, direction : ma gare !

Pas cons quand même, sans attendre l'échéance, avec Sunnymoon on se jette un dur. Changement d’hémisphère. Derrière la porte il ne trouvera, surprise, qu'oiseau, basques, sur-squatter, vaisselle en souffrance.

Et au retour, conjuration ultime, on a monté les réacteurs à l'envers. Le B777-300 ER s'offre majestueusement à reculons, sa queue vers l'avant cabre cabre et -V1, rotation!- s'arrache du sol. Moi qu'était à l'arrière, hop!, devant, puis
looping, tonneau, chandelle, vrille, barrique  
le 'pitaine enchaîne quelques évolutions mal contrôlées, fini de reprendre la main, vise Tripoli, largue quelques GBU d'une demi tonne made in USA, et quelques litres de rhum Charrette en sus, enjoy & relax,
à moins que ce ne soit l'inverse, je ne sais plus, je n'ai sans doute jamais su, et alors on finit d'aller se poser, vite!, vite! C'est le retour...
6h20 - 7h39, le BA 331 commence déjà à s'ébrouer et bientôt nous emmènera : Londres ! Londres ! Heathrow central station !!! Il y a des gens comme ça, ils partent,
ils ne savent même pas..., ni où
et vont se correspondre dans les Hubs planétaires, ou s'embraser en vol ? Ou se rendre complètement et payer la quittance ?

J'ai choisi. Je m'enfuis tout fou.

Là-bas c'était comme la France, avec des palmiers.
C'était grand bleu en haut en bas, c'était le ciel à l'envers et la lune tout sourire, c'était la mer la montagne et la mer, et c'était bien beau, en fait.

I'll shine it on just like Macbeth,
In the face of certain death,
Of a salesman or a king,
And when the palm trees are on fire,
I'll take my boat out on the sea
___ 
La photo de l'astrolab d'Orly est grossièrement volée à Dominique Millot ©