samedi 16 janvier 2010

RO 03383 - vendredi 15 janvier : prophylaxie dentaire

A gauche de l'urinoir devant moi, un petit boîtier blanc instille quelque chimie miraculeuse
c'est comme les temps d'arrêt dans la vie
les baisers volés les portes du métro qui sonnent
puis flush!
le miracle bactériostatique nous garantit une existence sans ride
une hygiène irréprochable, il prévient l'obstruction des canalisations
te laisse tomber dans le chemin du rêve...
Dans cet hôtel dément, 3 jours, 3 nuits et 3 petits déjeuners :
les même qu'en prison

les chambres sont distribuées de chaque côté du couloir
et les lampes s'allument automatique-
ment d'un petit clic tardif
le bienheureux voyageur s'est déjà encastré là, dans un coin de mur
Dans cet hôtel dément, 3 nuits, et 3 gonzesses qui t'accueillent
juste là dans l'escalier
c'est du vrai art, la brochure le précise, ici : Hotel Muzeu
et ça continue
des avions, des avions, des avions, c'est comme dans ce film de bagarre
l'avion est un pays qu'on ne prend pas assez le temps de visiter!

2 minutes de brossage,
I am Jack's wasted teeth
"le menu que nous vous distribuons maintenant",
I am Jack's complete lack of surprise.

Au 5ème vol déjà tu te précipites vers la sortie, vite, la ville, vite la tour, le retour !

Le petit lapin de playboy,
Ronge mon crane vegetal,
Shoe shine boy

lundi 11 janvier 2010

AF 521 - samedi 9 janvier : le drap, l'hymen, et : rien

L'interzone, encore ?! Situons-y l'homme parfait et la femme, parfaite : dans un bateau. Une sorte de conque sacrée, genre truc dément en bois tout assemblé de tenons et mortaises, sisi, je l'ai vu, millénaire et intact, flottant dans une allée du musée
Det Perfekte menneske donc
au restaurant attablé, devant sa parfaite femme
va déballant quelque absurdité sortie de où quoi donc et son monologue se déroule
"Why is fortune so capricious? Why is joy so quickly done? Why did you leave me? Why are you gone? Why is fortune so capricious? Why is joy so quickly … Why did you leave me? Why are you gone? Why is fortune so capricious and why is joy so quickly done? Why did you leave me? Why are you gone?"

Puis gobant un yaourt sans faim il risque un dernier,
"Very, very delicious! Today, too, I experienced something I hope to understand in a few days." ... Et le voyage commence,

Comme une image solarisée. Les blancs virant noirs violents, des gris qui tournent auréolés, l'atmosphère pâteuse les rayons des phares comme de gros crayons gris posés devant chaque sémaphore : l'air est solide.

Puis d'un lit, à un monceau de cailloux, à une table, continue, l'existence en voyage. D'après les gens sérieux on va déguster là du supérieur, de l'ultra, de l'inconditionnel, historique, et la salle se lève comme un homme que la mort aurait oublié puis qui se souvenant trop tard, l'aurait mordu au derrière
et un cul dans ces endroits!!, de ceux qu'on essuie et ne lave jamais!, l'homme-salle se lève, et acclame. Mange son hummus bi-tahina. Lit son journal. C'est le bonheur
"Partout c'est la guerre", "mais le CO2 anthropique augmentera très prochainement", "oui, je t'aime !", et le calcul quantique... Qu'est-ce qu'une chambre ? Qu'est-ce qu'un repas ?

Le repas, communions autour. J'avale la bouteille d'un trait, vin chaud, capiteux, rectangle en bouche, et le cul de bouteille me descend douloureusement dans l'œsophage. Rote.
Une chambre, un havre, a shelter ? Une chambre c'est un standard objectivement qualifiable qu'on réserve avec une carte et des promotions non cumulables.
Avec les deux, on fait un ouikène matrimonial : tu viens chérie ? Moi j'vais partout, c'est Gaufrette qui l'a dit, et j'dis rien, et j'pense pas moins
Mais l'échange prend la tangente -on dit les choses- et c'est un mieux paraît-il : la discussion.

Bref voilà le décor : les gens marchant de biais un bras devant, l'autre derrière, leurs pubis rasés envoient mille reflets ténus dans les lumières du soir, le restaurant, le journal et la chambre d'hôtel
très vite un léger effort de graphie va transformer les deux jours de noce en voyage, pour toujours, et alors,

"rejeté en arrière avec une force inouïe, je suis renversé sur le sarcophage où je demeure comme frappé de catalepsie."

Du bout des doigts de mon compagnon de voyage, mon conjoint, cette femme, monument de sensibilité, de valeurs, de convictions, irradie un éclairage nouveau sur mes notions du traveling. Genre de lumière rasante grise et brouillone, ombres bavantes sombres portées

voilà

je réalise être resté bloqué derrière quelque vitre du T1, m'être nourri de pages froissées du RoutardFin du ouikène nuptial. Mon premier. C'est pas si sorcier : réunion de divergences, strabisme d'une paire, on glisse en discussions, et le fil, doucement, va explorer la zone d'inconfort, les quelques km entre un Sofitel et les bouibouis de la zone perdue : un mondeReste à rentrer, d'accord, rentrer même directement rue du Faubourg, me voilà un dimanche un peu tôt un peu froid, un dimanche sans clef, sans oreiller, un dimanche le Sully m'accueille, néon rose, dimanche, premier bruits avant que, ...la ville !


Today, too, I experienced something
I hope to understand in a few days.

Around my left hand was shining a ring of hazy white flames.
I considered carefully the left side of my own dark coat.

In the middle of my heart there was a small spot.

I don’t know what it’s supposed to mean.

mercredi 6 janvier 2010

AF 257 - mardi 5 janvier : vérification de la porte opposée

Un 747, suivi de 1, 2, 3 trois-vingts, puis un triple.7
eh quoi ? voilà la fête du solstice d'hiver
pléthore d'avions, façon calendrier de l'avent
passer cette fête dans une carlingue rouge
AirAsia, en lettres blanches.
Comme surgissant de nulle part
de la bouche d'une hôtesse outrageously maquilled
du casque intra-auriculaire
de l'annonce PA? : la sanction,
"votre label preneur de temps est refusé"
dossier non conforme, trop de rien,
des pages blanches, d'une écriture invisible et serrée, elle me dit, éh
pourquoi tant voyager où ?
Why do you travel tanto ?
T'arrêtes jamais ?
Moi déjà fusée au cul je volerais sans répondre faire l'amour à toute la péninsule Sud-Est asiatique : parce que. OooOooh. Et ce qui suit. Un voyage à tiroirs, avec plein de vrais morceaux de surprise dedans, des cuisses de poulet mais pas que
les partisans de l'anti-voyage ont raison
moi je le sais
ils l'ignorent

...

Au retour je tricote toute la nuite les critères ésotériques qui te valent les petits privilèges à bord, je boude, obnubilé par quel détail inconnu. Razut, la fin du voyage ? Revoler demain !
Tous ces avions, tous ces "dernier virage"
Je boude je boude je boude, et puis je suis content
du flanc du flanc du flanc, les gens se mettent à courir
et en plus ils ne savent même pas
c'est un peu triste.

A chaque voyage charrier un peu de cette vie débordante
dépiler l'existence de sa toison foutraque
et comme elle est drue !
il en faut plein, des voyages compulsifs
pour bientôt devenir taciturne, taiseux, mutique

enfin, rester ! Perdu dans quelque HongKong ou autre ailleurs juste similaire, vive le clonage urbain, il s'y cache un pathocouple de ma connaissance, on se verra, on dira des choses, c'est bien les choses,

...et puis les gens