lundi 20 décembre 2010

ESTAR 9054bis - 16 décembre : Chacun son (re)tour.

Voilà que ça re-commence avec un train
 et une bonne collation.

1. Dépit pétard
Avec un train beau comme la conviction d'avoir l'impression
comme il faut même avec des poils cependant on devine l'absence
de mains et corps lisses. Personne n'est dupe ?

Quoi ? Tout bien bu tout bien nu sur un petit air de blim blam blam
les suites françaises m'accompagnent dans ce début
dans une gare neutre, on échange les villes : rend le navion, prends un dur
ce jour là parvenants à être bien invisibles l'un à l'autre, au même moment au même endroit, dans la même ville dans la même rue, prenez garde à la fermeture automatique des portes, attention au départ 

2. 947 chambres Novotel
Chaque extrémité remplit mon estomac sévère jusqu'à ce que son petit scénario ridicule me balade et la nuit fait un bol de lait et la journée est sans respiration.


Voilà Londres. Un meeting bien calme. La digestion progresse -chicken teryaki, sushi, diet coke- dans un harmonieux ronflement. Sur le mur blanc devant nous pléthore de signes cabalistiques nous parle, nous dit éh les gars, dites, love me, kiss me, et les savants que le demi-sommeil épargne marmonnent quelques incantations. Mal retranscrites en langue humaine - actus, status, ressourçus, due datus - elles emportent les derniers vivants

il faudrait un coup de gueule comme une syncope ou une crise de nerf, arrachant le câble RGB je lancerais ce vidéoproj' sur la tronche du premier, frapperais l'autre, tous les autres si l'engin persiste, tournoyant au bout du fil, baffes, nez écrasé, vermillon festif et odeur de sang, de plastique brûlé, petite touche de gaz rare

3. Troijième sourd
A la fin dans la tranchée rien ne demeure des gens descendent, 
s'embrassent les yeux au bout du même ailleurs.
Et voilà à l'état d'origine, un doux froissement
vacherie de vacherie

Vanité, vanité ! C'est comme la neige en Europe on se reprend au jeu d'y croire, il va neiger vous croirez ? Mais il n'arrive jamais rien qu'une bombe, ou deux, quelques boues grises, un navion tombe, et ensuite
on accroche de jolies décorations et les arbres
et leur sève à nulle autre pareille.

Répondeur: le 15/12/10 à 05h05, ce correspondant a cherché à vous joindre sans laisser de message (4 appels).
C'était quoi ce souk cette nuit ?

mardi 7 décembre 2010

AF 1050 - 5 décembre : Mr Langlois et moi

Et voici dimanche, Søndag qu'il disent,
après un wagon de kanelbullar imbibés de café noir,
arrosage du jardin, on va bien fermer la maison : volets portes robinets armoires
entasser femme enfant monsieur Langlois chien cerf-volant
et toute la création
bœuf huitre survivant dodo eucaryote algue
saumon fumé à froid sapajou moule à gaufre
canepetière rémoulade souvenirs enfouis à demi-effacés
toute la ménagerie des ombres de nos mains

en prenant soin surtout de claquer douuuuuucement le coffre que sur ces grosses berlines on entend chuinter en fin de course, gage intransitif de qualité allemande?, malgré le surcoût mon oncle dit qu'on fini toujours gagnant. A la fin.

Tout est prêt
en route Simone (c'est le nom de l'huitre) on annonce deux heures au péage et dînerons de petites lunch box
en plastique blanc : tapenade, assortiment de sucreries et si tout ira bien
toujours, comme dans un rêve
nous s'rons rendus, tranquilles, pieds sur la table, tête sur un précieux konapt en syntec véritable
pour l'heure du JiTé, dernier virage,  
une Pilsner bien fraîche, nous vous remercions d'avoir voyagé, derrière la cravate.

Ouf. C'est un pays ou un autre
de ceux avec des O barrés
plein de gens qu'ont jamais su enlever les petites roulettes
ni se lancer sans les mains
ils vont et viennent et grands et jolies bottes, collant, sur-chaussette, jupe courte comme ça
et si vite qu'on ne peut que vainement courir après
et s'essouffler
enfin, c'est ce que j'ai fait
courir, et, m'ensouffler, ouf.

Après 3 ou 4 blondes mousseuses je m'arrête donc complètement resoufflé poumons brûlants et cœur comme le gorille dans l'île noire qui lance de gros Booom! Booom!

Tout autour (de l'île) canaux rivières lacs et mers que seuls quelques vikings et rares A 320 maintiennent à flot, un filet d'activité, on dit même que les vikings n'y seraient pas pour grand chose...

Il y a un moment dans le blanc et dans le bus où un petit espace de silence se creuse
instant digestif du jeun ?
Chacun y nourrit ses réflexions
Il faut tout mettre dans tes souvenirs avec ton œil droit : les ombres grises et déliquescentes de ces postérieurs de maisons, le treillis noir de cette clôture de fer-blanc, la couleur rouge des briques de ce postérieur de théâtre, le contour mal ovale de cette flaque de pluie rendue brune, tout. Ferme l'œil gauche et apprends tout par cœur.
qui à coup de petites boulettes de vagues pensées, qui d'un quelconque mélange d'impressions rétiniennes sans même un semblant d'analyse, croquette subtiles
Alors les réseaux de nos cafetières tournants à vide produisent un bruit rose* et inutile
de fausses impressions...

Comme c'était après 2, 3, 4! tentatives et alertes
on ne pouvait déjà plus parler de voyage spontané ni d'azimut brutal qu'était mort mais bientôt will rise again! Le genre d'évènement qu'on arrose d'une grosse rasade d'Akvavit,
puis : retour.

___
* un bruit rose, in english the son rose... pink noise party!

lundi 29 novembre 2010

ESTAR 9054 - 23 novembre : Round trip fare.

1. Petit départ
Ça commence avec un train et une bonne collation.

Beau comme un con comme ses pieds
je vais m'essayer au processus qui donne aux gens la conviction d'avoir l'impression
d'y croire
mon visage : juxtaposition de tous les appendices, comme il faut
il y a un nez même, et deux narines avec des poils
cependant le mensonge est flagrant comme sur un masque de torture on devine l'absence
de conviction et de croyance
de certitudes.

Mains froides et corps fiévreux
mais d'allure : lisse.

Déguisement de Ken plis parfaits cravate chemise
blanche
personne n'est dupe ?
Il faut trouver les choses et les personnes différentes de ce qu'elles sont pour ne pas être avalé. Pour ne pas souffrir, il ne faut voir dans ce qu'on regarde que ce qui pourrait nous en affranchir. Il n'y a de vrai que ce qu'il faut que je croie vrai, que ce qu'il m'est utile de croire vrai, que ce que j'ai besoin de croire vrai pour ne pas souffrir.

2. Hilton chambre 350
Mon corps est fiévreux chaque extrémité ou appendice remplit des préservatifs de doléances coupantes ils vont demi-percés parcourant mon estomac, j'ai froid
la nuit était sévère et tournant en boucle sur le même cauchemar encore
et encore
et encore
jusqu'à ce que je l'accepte comme réalité tangible
avec son petit scénario ridicule ses couleurs vives
tonitruant il me balade dans la mauvaise ville, dans la mauvaise rue. J'ai du attraper un sévère resfrio, juste au moment d'enlever le poncho
juste avant de le mettre
la nuit est arrivée
et j'ai peur


3. Troisième jour
je suis guéri
et dors la nuit
au petit déjeuner l'appétit malheureusement
pancakes waffles orange juice
mes voisins cadres affairés sont très beaux
petit tailleur nous fait un pre-meeting announcing son retard préparant the recordables, speaking loud
avalant un bol de lait fermenté transformé agrémenté
on me colle en salle 4
...
3, 2, 1, et la journée est finite sans respiration
je m'offre un festin digne des navions
large fish and vegetable sushi selection, moist carrot cake, Liebfraumilch :

-dégueulasse- !

4. Enfin
A la fin du voyage
on passe dans la tranchée
qu'est un espace géographique où rien ne demeure
puis des gens très beaux descendent du train
il y a 2 mignons qui s'embrassent
mais en ouvrant les yeux
je me poste au bout du quai comme si,
t'attendant venant d'ailleurs, du même ailleurs.

Et comme la vidange se termine me voilà rendu
à l'état d'origine, au vide originel
est-ce que je rêvais que je dormais encore ?
mon téléphone sonne, voilà un doux froissement d'aile
vacherie de vacherie!!! une reine passe !

mercredi 10 novembre 2010

AF 191 - 8 novembre : Sans nouvelle.

Tout commence par une soirée belle comme ça
avec de vrais morceaux de poète perse dedans
après il était 3h09 et le voyage commence :
J'ai acheté un ticket parti revenu 
sur la pointe des pieds t'as vu hein quel silence
pourtant là-bas c'est tout des cris bronk bronk 
les peaux rouges klaxonnent même s'ils vont tout droit,
surtout s'ils vont tout droit
A cette balade pleine d'allumettes, une roupie la boîte,
la semaine se construit autour d'un livre
dans ses pages sur une île je ne sais plus trop bien
peut-être le sevrage de caféine, l'abus que j'en fais maintenant,
le bureau encombré tous les repères soudainement changés

et ce livre comme un miroir posé là rappelle que pliés usés fatigués on a vu les routes toutes en pot holes nous baratter le cul les pluies vent poussière partout insectes et nourritures

c'était. 

Déporté sur la tranche du monde plat
là où toujours chercher son équilibre

aucun bassiste n'a été violé ou impliqué dans la réalisation du rêve car, ce coup-ci, c'est la faute aux brahmanes - ब्राह्मण - , végétariens, Siraju et les insectes
il y avait tout plenty de mosquitoes
et de bus d'est en ouest  

des bus...
et
plus d'air
plus de lumière
plus de bruit
plus de nuit
on fonçait en slalom enragé entre les aplatis de vieillards
-ya qu'les vaches qu'on évite à tout prix-
le bus fait une embardée
tient encore un instant sur 2 roues puis verse
dans un froissement d'acier
soleil par l'avant comme fatal baiser
il faut fermer les yeux, c'est le secret
jusqu'à ce que d'un coup sec du volant
le chauffeur nous remet droit, sifflant entre ses dents
sans perdre de vitesse.
 
Yes I have plenty of change
you homeless piece of shit.
Thank you for asking
Soudain, mayday mayday !
mon nouveau pote dicte à l'impératif
ordonne de faire photos porte le bouc
et ment et jauge en stars et fortune me plante
avec des loosers dans une rue sombre.
Waow, dans l'écheveau de mensonges
imbroglio de voitures motos et CV ripolinés
se perd la soirée le repas la liberté - MAYDAY !

Siraju, mon best pote, mon amour,
You'll have trouble finding me at the hotel at 10
and having me around the bled shacking the same dozen hands of lost buddies from around the dead zone.
1st time in the morning I ran away on whatever bus leaving, to Mysore.That choice to follow you & play by your weird rules was a real threat to that bit of freedom-crystal I grew circling randomly in your country.
Farewell, sans rancune.
Ça s'est vraiment passé comme ça
on a fait 200 roupies de plein puis je file me coucher
à l'aube Saint Sauveur pioche dans sa botte un bus pour le fuyard
comme habité du démon de la dernière urgence
les yeux encore collés, je plante Thalassery avec joie
sentiments mêlés de honte et d'excitation
le bus démarre, I love you putain. Adieu le bled.
Adieu best friend !
mon ami sodomite sur liste d'attente
mais très curieux hein
son sexe mesure 5 pouces et demi à l'apogée
it must be very stretch

 
...Après le purgatoire, la fuite, vint l'idéal : vachette clochette noiraude blanchette gambadantes dans les rues immeubles bas je m'en serais couché par terre sauté à pied joint dans les sacrées bouses. Fébrile, malade peut-être, une ivresse m'est venu dans l'odeur des crackers et alors plus rien ne compte

puis aussi il y avait plein de mots et d'idées pas toujours absurdes. Voire trop. C'est là que ce tromblon est bienvenu, modèle mistral qui te dégomme le merdier même à travers les nuages, badam!, et dans le noir. Il y avait même une pensée pour suzy qu'était là en déshérence portée
par quelque parasite d'une nuit sans songe
par des amortisseurs hors d'âge
par quelque strate oubliée d'un repli et des larmes

Donc le tromblon. On fait quoi ? De la dentelle de tout ça.
Un renvoi au plumitif !!!



Les avions volaient toujours c'est couillon
taxis ponctuels, acompte possible, change provided
et même le sac a tenu, jusqu'au sol de France,
alors je suis rentré.


Tiens,
des routes plates véhicules modernes façades fraîches société réglée on me donne deux fourchettes couteaux cuillers il faut bientôt oublier les doigts -wash hands- bruits -sound horn- parures des femmes caleçons montés à l'envers et partout, de sacrées vaches.
Reste un méli-mélo de sensations confuses un peu de fièvre des dizaines de boutons le bourdonnement du silence dans ces toilettes immaculés fourmis légères visage imberbe sac cassé

 
pour ce retour dans Paris dans l'hiver 
un tapis de fleuilles mouillées 
les prostituées grelotent les citoyens tous parés de petits manchons rouges au nez aux doigts m'accueillent,
affligés.

vendredi 15 octobre 2010

AF 347 - 6 octobre : The first Sunday of October

"Alors ?"
 c'était super
on a fait tout le pays, Alberta Ontario Labrador
et puis c'est pas cher
et ils sont tellement gentils
"mais tellement cons, aussi", 
insiste ma camarade de troquet
tendance analcoolique en début de sevrage
levant à ces mots un coude immense et sans fin
puis le verre disparaît, - gloups -, hips

1. 4753, avenue des Érables - Montréal
à l'entrée du pays un médecin
prend toutes les tensions
inspecte toutes les pupilles
nous classe en deux files
les Tremblay, Bouchard, Gagnon et les autres
les neigeophobes, et les autres
les maladies rares, leishmaniose
et compagnie, puis, filez !
passée la ligne on se re-mélange gaiement

il y aurait même des indiens
des inuits ?
des chanteuses
et d'ingénieuses informaticiennes...

Les 747 déposent tout ce beau monde
quelque part au choix rue Notre Dame
ou plus loin, Berri-UQAM central station
puis on s'égaie dans la nuit dans l'ivresse
compte rendus à l'anonymat 

2. 386 avenue du Pont, Québec
En face de l'auberge, un bar comme une cathédrale : le Dauphin
un jour de grand messe et d'allocation welfare

il y là des images, je me dis, Anders se régalerait
les orgues jouent à plein débit de bière et les gens!
sont nombreux, inénarrables, froissis de vies en vrac
beaucoup plus loin dans la nuit, encore eux
imprécations chocs hurlements, puis...fin du vaudou sauvage.

3. 2675 Boulevard Du Royaume, Jonquière
Route au nord !
Le soleil fait des tâches claires et sombres
averses intermittentes, pleut-il ?
Vent de terre du nord de 5 à 15 nœuds
devenant de mer du sud de 5 à 15
vers midi puis devenant léger tard ce soir.
Quelques averses cessant tôt cet après-midi.
il conduit, raconte un chalet caché dans une cathédrale jaune-rouge
et l'hiver jusque 5 ou 6 mètres cumulés, sisisi
il ira bientôt acheter du chocolat, pas encore
mais bientôt. Et déterrera la hache de guerre : une pelle
avec télévision incorporée, comme on en fait là-bas   

4. 5306 rue McKenna, Montréal
avec Jean-Marie c'était notre 3ème pays, son dernier
histoire de célébrer, de fuir l'adversité, et les rétroviseurs
ce serait bien
de fêter ceci cela
comme au bon vieux temps
de "chez George".
histoire de... Et justement à l'époque des feuilles
et des premiers frimas


il passe d'une poche à l'autre
d'une table à un chevet
jusqu'au final jusqu'au retour

5. Quelque part, l'océan
un des écouteurs grésille
je commence à regarder un truc
il est question des mots, de miaow, de ouaf
les lettres s'emmêlent sensuelles s'emmiellent
There's a ghost on the horizon
When I go to bed
How can I fall asleep at night
How will I rest my head
jambage dans délié accents à l'envers
panses pointes et spurs incroyable foutoir

je me bave dessus le navion rugit et saute les nuages
l'horizon en débandade s'enfuit dans tous les sens
ferme les yeux
roupille instantanément
le bref laps entre deux plateaux.
"Moi j'y retournerai, rien que pour le plaisir de rentrer."

vendredi 24 septembre 2010

TGH 9354 - 21 septembre : è pericoloso sporgersi dalla finestra

Idiot, idiote
cochon, cochone
patachon, patachone

Qui l'eut cru. Un retour en train, quasi illégal
première trahison au principe inoxydable du navion
car à cette occurrence de retour on remplace le symbole ailé par un gros serpent de fer
ridicule. Et les éoliennes défilent à 297,
non, 298..., 299..., 300..., 301 km/h.
 
Je suis dev'nu un grand garçon qui s'intéresse au climat.
Le temps qu'il fait, le journal du comptoir, les pages faits divers - société : me fascinent
hiver politique, politique du fait d'hiver, il pleut de la merde et des faits avariés et à coup de Ripolin.tm ces voyages tourneraient doucement patinés de politique
fuir, oui, se taire, bien, mais à plus grande échelle
ingérer des frites -french fries they say-, absorber une bière, roter, sont des actes politiques
puis patatras, le voisin de comptoir soudain, nous y replonge
Cristobal se révèle le dernier des cons, grand supporter de la pire actualité... merde! Ils avaient dit pourtant, het is gevaarlijk om op te leunen uit het raam
ou un truc comme ça. Pas même pour vomir



ça t’prend les tripes ca te prend la tête 
et puis tu pries pour que ça s’arrête.
Mais c’est ton corps c’est pas le ciel 
alors tu t’bouches plus les oreilles.
Et là tu cries encore plus fort et ça persiste…

Ce mode de translation distend le paillasson urbain
et dès la frontière quelques pointillés d'absence m'atteignent
1h plus tard, comme un retour en réseau régional, voilà le quartier
gueule insouciante, salut des flics sur le quai, voilà
les filles les chinoises les africaines les frites moins bonnes des kebabs



Ce coup-ci on est retourné dans la mer
sans les vagues qui assommèrent la cousinade
le soleil - pâle, genre fumeux quinquet, signale vaguement la nuance diurne
des cornes flottent au vent et dans les café, on propose de chouettes pipes
j'ai choisi celle à 9€, en vue de futures libations avec 'chuuuut' et 'pas les doigts'

Après cette litanie cochons idiots patachons se sont déguisés
étanches et ininflammables
on s'est jeté dans un hélico tournoyant dans une piscine à vague
dans des boîtes enfumées
je n'ai pas pensé aux gens réellement disloqués asphyxiés
le goût caoutchouteux des appareils
odeur âcre air vicié
étaient nos seules passions, nos dernières idées.


Il y avait des gens, et leur langue, trop rigolos. Du ouiski dans un autel brillant et le serveur louchait : strabisme divergent - je rêve encore de lui coller des claques pour remettre le tout d'aplomb.

jeudi 16 septembre 2010

AF1285 - 12 septembre : Bienvenue sur le réseau monétique...

Du silence, des mots, du froid
après cette retraite au Maghreb
qu'était comme un petit désert de voyage, vide de tout
on me trouve un creux, mais un grave, qu'il faut vite pincer percer purger
et laisser la plaie béante se re-remplir du monde ?

Pas si simple, j'y vais lentement, triture, chatouille, tournicote
simplement : j'étais entre les mots, j'y suis encore, dans le silence
et les remugles de vieux blog cloué au sol.
Là commence le deuil des avions vides et toujours
échafaudant milles échappées dans quelque cabine vach'te grande
au-delà de plein de frontières, je parcours le réseau encore,
& again...
Tous les visages entrevus dans les gares
Toutes les horloges
L'heure de Paris l'heure de Berlin l'heure de Saint-Pétersbourg 
et l'heure de toutes les gares...
 
Pour ce dur de dernière seconde sur le Ramadan express j'attaque une désintox - 3 jours sans ouiski -hum hum- sauf champagne du vol, 3 coupes à l'aller,
juste bien frais, et bière au retour.
Et pour tout sédatif : thé, café, chicha
et le spectacle des hommes privés de comptoir - tous assis! -
et des femmes absentes.

Entends les sonnailles de ce troupeau galeux
Tomsk Tcheliabinsk 
Kainsk Obi Taïchet 
Verkné Oudinsk Kourgane Samara 
Pensa-Touloune

Cure idéale de mes addictions,
pas une minette à suivre au hasard
ce ne sont qu'hommes partout partout partout
répartis entre deux commerces restés ouverts, d'abord le bar, puis le taxiphone, puis le bar...
Je ne parle pas de la mosquée, 5 euros à Paris, ici toute en millime dinar et compagnie
et cette lanière toujours bordel, fouillant mes chairs, jusqu'au sang

à Ghardimaou : hôtel Tiburnic
parfait !
grand et triste, près la gare
forte odeur d'urine de chat
hume, regarde,
les félins malingres, seuls habitants légitimes, défilent dans les couloirs
et cette chambre dénudée, tous cuivres en exergue
et l'odeur des salles d'eau, genre offshore sewage tank

Bientôt c'est le retour. On vole, par quel miracle on vole ?
L'homme volait bien avant ces artifices, en fait
je courais sur la margelle de la cour de récré, battant des bras
et très vite c'était l'espace, vertige, abandon du corps
au supplice de Peter Pan
après que j'ai mangé, tant et si bon, même le doc trouve à redire

ce soir là le navion approche de Charlie
le dossier de votre fauteuil doit maintenant être redressé
le stew a regagné sa place et votre tablette relevée
c'est le bout du voyage et je commence à écrire
et comme j'écris, le voyage touche un peu de sa fin
jouerions un peu avec ces boucles d'idées
ou bien non ?

En fait il n'y avait pas lourd à faire ailleurs
me voilà rendu
pour pas grand chose d'autre, ici.
Jusqu'au lendemain, je reste à ce bon port des avions.

Est-ce que je rêvais que je dormais ?
A un moment dans le songe en couleur
3 gonzesses apparaissent sur la jetée - brune, blonde, rousse
et à faible distance comme autant de chiens en rut, le plein de jeunes tunisiens
et puis moi, chien fou ou malade, jappant sautant
au spectacle des vagues
bientôt rêvant l'incursion d'une bière tiède.

lundi 2 août 2010

TO 3107 - 2 août : Plus, plu, plût, pluie, ploum, plic, ploc !

A ce retour les arbres ont même des feuilles jaunes
et au-dessus des cimes un gros nuage promet de rincer les scories de 10 années sans pourquoi
Pour l'instant, je suis un peu la coquille vide qu'on enlève, avion qu'on rate, CB qu'on perd, coupures qu'on disperse
tout bien guéri des olàlà, des glops, des miaows? - j'attends la pluie
après, ...on verra.

Avant d'être un univers de winglet en retard couvert de macarons, Transavia c'était un objet volant comme d'autres, avec une graaaande traînée verte. Du bleu, et du vert. Ça ne m'inspire rien. Rien et nulle part.
Le forum des crashs précise qu'il "faut faire attention à la mise en route des moteurs car parfois, des hôtesses un peu moches avec de gros mollets y font leur nid". Faites attention à la mise en route. Je ferai très attention à la mise en route.

L'hôtesse, moi, je la trouve sympate. Elle regarde. Elle regarde le jambon sur mon épaule. Je lui renvoie un œil, qui longe sa cuisse longe ce strip noir sur fond vert du pied au genou à la fesse inflexion voici ses hanches bonjour les hanches je travaille à l'exploit de passer sans vous voir

Regarder, voir, observer, sont des façons différentes d'utiliser l'organe de la vue, chacune ayant son intensité particulière, même dans les dégénérescences, par exemple regarder sans voir quand quelqu'un est abîmé dans ses pensées

Puis je l'entends. "J'aime bien le jambon!". Elle a dit ça ? Vite, courir vite!, et tout le barda et la porte automatique de sortie qui sonne et grince et me retient, ouf !!!!!!!! ...La lumière s'est éteinte, je reste enfermé dans ce navire aérien, avec cette belle lampe et ses mollets obscènes on convolera bientôt à coup de claque et de langue, drôle de sensation, petite douleur

Le malaise vient peut-être du fait que
le soleil se lève et se couche avec une inquiétante régularité
ici comme partout ailleurs,
ou des paroles tues, de l'érosion tangible ?

No fight left or so it seems
I am a man whose dreams have all deserted
I've changed my face, I've changed my name
But no one wants you when you lose

J'arrive au sol. Le sol. Encore trop tard. De l'énorme nuage émane l'impression qu'une décennie se serait glissée entre la fachada de Santa Maria, qu'est la-plus-belle-du-monde, et moi. Aranda, son fracaso, plus beau du monde, plus beau que le monde...

Puis voilà qu'il flotte de manière très réaliste :
et PLIC !!!
et PLOC !!!!
les gouttes arrivent avec la régularité que confère le hasard, et ce fait indéniable : il pleut, et ce sera la base de notre réalité

Il pleut, et tout le reste
bonjour, il pleut
ta mère est morte, il pleut
avant que tu n'aies pu lui dire d'une phrase simple, voilà : euh, ..., il pleut.
Je t'aime plus de ce côté de la frontière, plus en Espagne, il pleut, il plu
plus au Portugal, je t'aime plus et il pleut
et le malaise poindre et s'invite comme ça sur sa voie de réserve cernée de lignes jaunes doubles ou triples une voie ou la vitesse serait discontinue, forcément, variable, alternative, marchatras plein pot dans un slalom sans nom
et sans se retourner
Tell the boys back home
I'm doing just fine
I left my troubles and woe
So sing about me
For I can't come home
I've many more miles to go

Et c'était bien ? Oui ! C'était bien !
Comme un enterrement de 1ère classe
j'ai cru partir un an
été parmi les gens
et sur les routes.

lundi 26 juillet 2010

AF 2325 - 26 juillet : Tout est vague et varié

Et tous les jours tous ces avions qui volent, moi ça me rend folle !
On en était à une histoire embrumée autour de l'AF 521, obscur comme une grande pyramide, et la femme parfide de répéter, bah ouais, j'y suis retournée, et avec un guide, un vrai de vrai, bien mieux mieux que ton rien du tout
du genre qui parle et implante dans ton esprit le cadre propice
écrin* ad-hoc pour recevoir "le-truc-qu'il-faut-voir-à-tout-prix"
ce truc là, qui reposait en vrac dans la salle du musée, et que j'avais raté.
Homme imparfait... !!

Bref, recommençons. Paix des ménages, perfektitude du geste, couronne de papier, un an de bonheur
ça se fête ! Pour cet anniversaire les bougies sont mal vues
c'est qu'au poste logent tout plein de boutons écrans loupiotes manettes et autant de petits nerfs sensibles de l'appareil. Un geste de travers, oh non, aucun geste de travers, et les boissons, toujours par le côté, et la hache, seulement pour discuter avec les garnitures en feu, les humains vindicatifs se contentent de mots bien enrobés. Mon rôle-indispensable à bord : écouter sans broncher, pas bouger, ni moufeter

"232-Tango autorisé pour atterrissage derrière le 318
"volet 3
"trains d'atterrissage sortis, verrouillés
"piste 26 gauche
"décision... on continue !

Comme une suite monotone dans la vie parfaite : le palonier palone, la gouverne gouverne, le commandant commande, le PNC se prépare, l'auto-brake freine, les roues roulent, et voilà : le sol

Pour ce petit saut overnight on avait emmené la cicatrice qui gratte -deux lèvres ourlées humectées de sang qui peu à peu se rejoignent- et un pavé du grand lusophone qui s'inspire de Lisboa, justement...

Si je fumais, j'allumerais une cigarette à présent et je contemplerais le fleuve, pensant que tout est vague et varié, mais comme je ne fume pas je me contenterai de penser que tout est varié et vague, vraiment, mais sans cigarette, encore que la cigarette, si je fumais, serait l'expression même de la variété et du vague des choses, comme la fumée, si je fumais.

"traversée en Sierra-3
"contactez le sol sur 121.8
"à gauche sur Tango-November-Tango
"Parking en Delta-12

Là c'est vraiment fini je crois ; mais ce matin Paris me résiste
j'ai rebondi sur la ceinture périphérique
le vrai retour dedans la ville aura lieu ce soir
avant il faudra se débattre avec sel, poivre, cruche, tarte, compote, ramequin de salade... Premiers éléments de mon cadre professionnel ce jour. Alors ? Vigoureusement saupoudrer remuer ingérer assimiler tout ça en pensant très fort la journée à venir: 7h40 / 2
et la semaine, 37 h 20 coupées devant derrière
et le prochain départ, 6h32 ailleurs

Mâche. Mâche bien. Tu mâches,
et la digestion fait apparaître de petits êtres fantasmagoriques, couleurs vives, chacun son petit nom, bientôt apprivoisés, je leur compose un ballet qui occupe mon esprit et le coin de la table

Paris, tu serais le refuge climatique entre trois avions brûlants
Le repas s'achève. Dernière cuillère.
Au milieu du plateau vide un reste de l'ectoplasme d'homme parfait
tente un ultime barouf, au milieu des reliefs du festin solitaire

REPAS - Action de se nourrir; forme, rituel social pris par l'absorption quotidienne de nourriture à heures fixes.

*on disait en préambule :
"avant tout ce que l'imaginaire projette par anticipation"

samedi 17 juillet 2010

AZ 354 & AF 6219 - 19 juillet : Al laboro per que ?

Montsouris - Tombe-Issoire - Alésia -
René Coty - Denfert Rochereau

RATPetour

Voilà comment s'achève le chemin du calvaire. En 5 étapes
celui de notre pote J. en comptait 14, et
au rang des nuances on note aussi le port du sac à dos.
Il faut vivre avec son temps, les croix de voyage sont passées de mode, on en fait des tas qu'on brûle les âmes en peine
dansent autour en virevoltant
c'est guay

Mardi, le retour continuait, sifflement des essieux, l'étiquette stipule "ATTENTION, LE FREINAGE PEUT-ÊTRE PUISSANT" et sur l'itinéraire les correspondances sont marquées d'un rond pour le réseau urbain, d'un carré pour le réseau national. Aaah, et les ptit navions ?
Deux inconnus du RER discutent travail, projet 'SOPHIS', vacances, Simone Signoret, ...Picasso, ...Mattisse. "Beaucoup d'artistes sont allés dans l'Sud, nan?". Le dialogue frise soigneusement la vacuité, distillat d'atonie, silence en devenir, ça trébuche et se maintien au bord, souffle coupé
Puis. Les inconnus du tram : on se rapproche. Je rentre la chemise. Ironie.
Nous n'irons plus jamais, mais je me souviendrais
Du premier rendez-vous que tu m'avais donné
Nous n'irons plus jamais comme les autres années
Nous n'irons plus jamais, plus jamais, plus jamais

Puis la semaine commence, avec retard. Dans la maison du chat, en bande joyeuse, au champagne tiède. Dans la piscine, regarder les corps, respirer, battre des pieds. Sur les pelouses, veillez à les préserver en particulier de vos cigarettes. Dans la porte vitrée, tête la première.


cAFlvaire

Et pour en arriver là...un calvaire. Le Calvaire !
mon nom est sur une liste
longue liste, longues heures, et l'écran répète en boucle
confirmation tout vol
- CONFIRMATION TOUT VOL -
confirmation tout vol

je parcours l'aérogare de Nice, il y a des gens
et des rubans bleus WELCOME® - Tensaguide®
derrière lesquels, peut-être, Paris ?
Mais les heures puis la menace du dentiste s'éloignent
la perspective du bureau, itou,
plus rien pour te retenir, vole vole vole !

Autour de moi une foule compacte, inquiète, scrute l'agent du sol
le 4ème, ou le 5ème peut-être qu'on épuise depuis le lever du jour
il ahane des noms maîtrise légens contrôle le stress
sur l'écran la liste, dans la liste, un nom, le mien un peu, et beaucoup d'autres
l-e m-i-e-n ! ...Partez serein ?

Serains rime avec premerains, remonte à serenus lui tire
la barbe puis une violente bagarre s'engage entre les barrières
vole une valise, un parapluie,
quel beau pugilat oui madame je ne sais plus
quoi du délire du phantasme, mais beau, ça, ouais...


AZvant

Plus avant, le petit prince des avions frottait ses mains, tout sourire. Car c'est l'heure du départ, peut-être. Monsieur Z est mon ami, les heures d'attente comme un terrain de jeu, l'incertitude un culte en soi, bien arrosée de birra alla spina - ottima qualità. Ça, c'était encore le AZ 354.
Ce même soir au pire, retour au Trastevere (rien qu'un petit dessein dans un dessein plus grand), on ne sait pas, et à l'arrivée, et au départ toujours le gazomètre te salue, et se souvient. Chaleur. Bordel. Bizarre. Bazars.

Dès l'arrivée c'était comme une vague de bien-être, ressouvenir, comme la louve qui me proposerait une mamelle entre ses poils, sa chaleur, le meilleur de soi. Longues farniente violentes poussées de sueur lecture à l'ombre et derniers mots de Miller...
This is not a book. This is libel, slander, defamation of character.
This is not a book, in the ordinary sense of the word.
No, this is a prolonged insult, a gob of spit in the face of Art,
a kick in the pants to God, Man, Destiny, Time, Love, Beauty ... what you will.


Des villes et des îles plus tard et le bonheur de la vitesse et la toux incessante, la maladie qui persiste et ronge...
Plus au sud, mais que vois-je?, c'est Sunnymoon attachée, enlacée?, à cet arbre, et la mère patrie du Baba, sacrée affaire tout ça, comme écho à cette bonne dinette avec Kaptain.
Rien que des souvenirs simples et balades à scooter puis un jour, c'était la mer.

La mer..., première étape du retour.


Maintenant? Que veux-tu? Que veux-tu, dis-moi? Me supprimer à mon tour? Mais c'est évident! Voilà! C'est simple! Profiter! ... Attendre! ... Saisir le moment favorable! ... Détente ... Confiance ... et m'occire! ... m'abolir! ... m'annihiler! ... Voilà ton programme! ... Où avais-je l'esprit? Ah! décidément Ferdinand! Ta nature! ton destin sont plus sombres que le sombre Érèbe! ... Ô tu es funèbre Ferdinand! sans en avoir l'air!