lundi 21 décembre 2009

OK 762 - 20 décembre : trois fois Eric-John

Cœur léger, cœur vaillant, cœur libre, le parisien remonte ses pantographes
dans une gerbe jaune, bvvvroom, la mise en tension : est faite. Any heart condition ? C'est la révolution cardiaque. Alors, en route

Because of weather conditions, diraient certaines mauvaises langues, the floor could be slipery, please remain vigilant. C'est un signe ? C'est un signe !
Le sol peut s'avérer glissant, et le sol compte ses points : arcades ouvertes ! fracture ? Bassin, clavicule, poignet, les bosses les bosses, et le rire des survivants. Ces jours là par l'annonce prévenu, redoublant de prudence, en retriplant presque, que dis-je, requintuplant se peut ? Essayons

Le futur survivant se boite. Once, dans la nuit avant que le départ, avant que les deux policiers qui fouillent : les escaliers de Montmartre, c'est beau, mais c'est ça, aussi

Alors un miaooow, little brown bear, plus tard, driiiiiiing, se re-boite. L'église catholique, apostolique et romaine, ses marches, leur impitoyable granit dans la belle ville glacée.
Et se re-re-boite : deux points d'appuis en caoutchouc, un centre de gravité au moins haut comme ça, voire plus, un moment basculant qu'aucun éléphant ne se permettrait, jamais. Boum. Olala, mais qu'as tu fait à ton œil ? Olala, because of weather conditions, what have you done to your eye ?

... Le sol de la petite remontée des Orres aussi était glacé, dur comme ça, et maculé de rouge, et de plaintes. Je tenais sa tête, essuyais des larmes, des quoi?, des excrétions lacrymales. Mon oeil violet, les bouteilles d'alcool vert et blanc, et quels desserts pour la reine des rats ?
Le voyage avait commencé dans le black out des bureaux, deux destinations, un seul voyageur, des hôtels chers et moches, tristes ou laids, pauvres mais accueillants, toutes conjonctions malheureuses, un peu, on verra - tout imprimer, pour si plus tard
En raison d'un mouvement social - non, c'est un virus?-, en raison d'une perte des repères essentiels, en raison d'une panne de téléphone, d'une déambulation déraisonnable, pas le code, et la nuit trop courte, deux policiers marrants viennent tâter mes poches. En raison de vous n'avez pas d'objet dangereux ?


2h du mat'. Bientôt 5h. Comme dans un rêve.

Bref, en raison de tout ça, c'est comme un rêve sur ce JPS au poste, je vois les galons les écrans toute l'avionique les voix de la VHF et le trajet tout blanc. Jean Colin-Maillard entre dans le cockpit ses yeux crevés, deux béances, nouveaux orifices où plonger quel doigt dégouté, je ne sais pas, il dit les mains en l'air, qui c'est?, ahah, devine, ce mec est juste fou. Du coup on a bloqué la porte. Door status - locked

Sur place.
Froid du corps. Double chaussette. Double ticheurte.
Froid des contacts. Boire du vin chaud. Du vin chaud. Du vin chaud.
Froide la douche, froide la chambre, le lit, putain ! Quel froid. Partout.

Il y a là un petit goût de déjà vu. En raison de quoi ? Rémanence d'un travel boulbique, on traversait l'Europe bon train à bord d'un vague leasing, ici comme un flash-back m'apparaissent les mozarts, les trdelniks, et au hasard sur deux cartes je tombe deux fois sur le svícková na smetane plus dangereux qu'un furieux coup de papanache.

Well the eggs chase the bacon
round the fryin' pan
and the whinin' dog pidgeons
by the steeple bell rope
and the dogs tipped the garbage pails
over last night
and there's always construction work
bothering you
In the neighborhood

Il paraît que le nouvel opus de l'homme araignée va moribondissant. Vieille arachnide perclue de rhumatisme. Retour vers le lapin agile. Puis on irait, bientôt, se recouper les ongles sous d'autres méridiens.

mardi 1 décembre 2009

AF 443 - 30 novembre : paracétamol, acide ascorbique, et une écharpe rouge sivouplé

1 - Posada el Misti, Praia de Botafogo, 462
Voyager, c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination...
Pour un transport sans déception ni fatigue, saluons les progrès des vecteurs oniriques. Un instant couché sur la moquette du 2E, comptant comme rosaire les lampadaires épars -tentative de magie incertaine-, l'instant suivant rua Senores Dos Passos... La ville est brûlante, chemise, veste, pantalon tournent adhésifs, fièvre de chaleur, les vendeurs crient leurs louanges et tout est paré de rouge
Sans déception, ni fatigue. Ce serait le voyage sans ? D'ailleurs en 5L dans ce 747-400, l'incantation des 3 lutins m'a foutu un poilu - bravo la magie.
Ses yeux pas bleus, le soin maniaque de ses affaires, idées ordonnées, il fera certainement l'amour comme un adulte. Bardamu en personne ? Trop grand dans son corps, mutique en diable, certainement gêné d'être reconnu.
Me gratifie d'un hochement de tête
Son coude pointu
il sait, je sais, on se tait
...Puis c'est la ville.
Au sommet du Corcobado, le rédempteur : rédempte. Chacun sa magie, lui y va de sa petite danse rigolote, bras écartés mains faces au sol, toujours copié, jamais égalé, bien que du côté de Alto Lapa, on l'a tentée ! Le rédempteur tout seul au sommet, dans une chaleur tellement propice au glissement des corps, de la raison, espérant comme jamais rafraîchir ses cannes dans l'onde marine - patience mec, 2012.

2 - Onde morram os franceses, rua Barata Ribeiro, Copacabana
Mademoiselle Sunnymoon n'est toujours pas là, Andrea se propose,
toute carioca qu'elle soit on lui dit merde, en silence
Et puis ce chapeau. Le Panama, l'enlever, faudra bien,
pour toucher un corps nu
sensation vivace d'une main enserrant le pied
allez, je me laisse une chance : je ferme les yeux, derrière mes paupières la surprise s'installe, les ouvrir?, mais doucement, très lentement, découvrir... l'absence !
Par vengeance, on va enregistrer en douce le bruit des vagues, rouleaux, reflux et cris des baigneurs. C'est l'oubli

3 - Em casa de Alex, rua Saddock De Sa, Ipanema
Bientôt revoilà Paris, et ses bottes, toutes ses bottes,
le train entre dans l'hiver et ralentit
mes sinus s'imaginent la fin de l'état de grâce, vache de douleur
ya toujours cette dingue confusion du départ, de l'arrivée
Partout au sol, en l'air, puis les titis dans la Grande Ville,
tout le monde se rit de l'homme au chapeau, sa peau rouge, son grand sac rempli de Cachaça
On voudrait bien les garder toujours tiens les sourires le chapeau, et Céline-Gaillette, tiens, qui m'occirait de voir le chef qu'on sait, bon, mais le couvre fou!, le truc!, le galuchon!!!

All alone in the snow
And nowhere seems close

The cold moves now to my bones

Its beauty seems gone

And I know, know now this is wrong

And I should move on

Time to review time to to be

With my own energy

Rescue me


Bref. Passé le paillasson, le train se remplit enfin
mes congénères mes congénères et plein de vêtements sur leurs corps nus voire un peu tristes
malgré les bonnets rouges et les grelots
ce soir ils mettront des oreilles de lapin
des plumes au derrière !
Les masques tombent, énergie et douleur se fondent en colère
la colère
et l'exutoire dans la nuit grise
après la séance de tir
sous un large hublot baigné dans la lune, j'enlève le Panama et viens, encore.

Il l'avait dit. Tout le reste n'est que déceptions, et fatigue. Tu danseras, mademoiselle ?

mardi 24 novembre 2009

AF 1897 - 23 novembre : l'Interzone sans reine, ni lutins

Tiens, j'ai encore vraiment perdu mes lunettes. Ma vue. Mais pas que.
Mes ailes aussi.
Et la poussière d'ange d'une année en apesanteur.
Quel poids dans ces lieux!, qui a flambé la clim', bon sang ? Le générateur de graviton serait en rade ?

Il fait chaud. Et j'ai peur. Oui, un peu peur, encadré de cauchemars, serré par ces bêtes, au centre du carré, au Marché Central. Et cette crevette morte me regarde d'un œil mauvais, et cette huître baille, n'était-elle pas à l'instruction du procès, avec le vers géant, le marteau, toute la clique ?
Voici Casablanca, et l'homme heureux de Schrödinger, Connard Optimiste.

Chambre
Vaste cube au marché central. Parfait, dépouillé, sale, juste équipé du lavabo, un lit, une table, armoire, des draps gris
Échappées nombreuses, échappées vaines, pendant la cérémonie au hammam un complice va glissant de petites graines de doute sous cette veille carapace de crasse. Run back to the shelter !
Sa porte laisserait la voie à un troupeau de l'Aïd mais passent les heures, passent les jours, hein, à moins que j'ai pas fait gaffe... Il n'y a que moi, le corps lourd, vivant, et l'air vibre
Jour nuit, poser la tête sur l'oreiller, serrer ce qui peut l'être, le sommeil bientôt et les grands spectres viennent à moi, hilares, à grand coup de paume sur les cuisses

Interzone
A ma gauche au bar, un mungwump qui me dépasse d'une tête. Incroyable comme les descriptions en sont fidèles, je crois le connaître de toute une vie. Il boit sa 'Spéciale' mélangée de fruits pourris, avec une gigante paille. La musique est parfaite, puis saute et se perd. Lui, les autres, rencontres et rythme de mes pas dans la ville.
Parfois la bête inscrit des mots aux vibrations troublantes, insiste pour que je l'appelle aussitôt. De la médina, au bar de France, sur la jeté, au Calypso, partout précipités dans le jeu de mensonge et séduction, je sens leurs mains leurs hanches trop proches leurs corps pressants et la menace !

Départ
Vole vole C. O. d'espoirs infondés. Approche la Ville Unique le mur de ta vie la vitesse de l'avion, le monde, j'ai enfin compris ce non-sens!

Changer de lit changer de corps
À quoi bon puisque c'est encore
Moi qui moi-même me trahis
Moi qui me traîne et m'éparpille
Et mon ombre se déshabille
Dans les bras semblables des filles
Où j'ai cru trouver un pays.

A l'arrivée l'éternel C.O. trop impatient, un peu anxieux, bêtement gorgé d'espoir verse des regards profonds vers son terminal téléphonique, allez petit, dis-moi quel malentendu, quel embroglio, un appel, un signe, un truc, à quoi te voilà tout réduiiiiit ! Fichue tête de mule, saloperie d'intellect pur ! Je te déteste autant que je t'aime !

Coeur léger coeur changeant coeur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n'avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m'endormais comme le bruit.

Le verdict tombe, notre C.O. a l'air mignon, glabre, bête, myope, perdu, fou ! Tourneboulé, pauvre hère, bienvenue dans le nouveau monde, cherche-les tes étincelles, chispas impossibles, fouille fouille et pleure, tes ailes perdues

Annulation

La procédure est simple. J'ai sorti ma souche de séparation, délicatement découpé le talon à la bonne page. Puis, gommé consciencieusement quelques 'M' déliés qui s'étaient glissés partout alentour, et toujours effaçant trouvé avec effroi la valeur de cette encre. Il y en a partout. Désormais des tâches sur mes doigts et ma langue apparaissent comme autant de certitude trouble
La couleur est sous la peau j'ai acheté une brosse au bazar
Ces pensées m'accompagnent dans la voirie hocquetante. J'erre lentement, scrutant les visages, c'est là tout près du cœur je sens encore l'instant de bascule
Voilà Paris. Pour changer des nuits blanche, s'offrir un furieux. Il danse sur mon ventre en criant. "J'en ai rien à foutre!" "J'm'en bat les couilles, chuis insomniaque!" et la nuit sans les spectres passe lavasse et grise. Welcome back.

mercredi 4 novembre 2009

AF 3239 - 3 novembre : Oviedo, despertase alucinado

1 - brouillard
Cada mes, me los veo perder :
les documents se répandent en tâche sombre sur les draps blancs
identité glissante, perte, obsession
Ce jour là : Oviedo. Il est tôt, la clarté, pas de clarté ! Le jour tarde,
et la première ligne du ticket LMXJVSD danse un temps
avant de retomber patatras, dans le grondement de la circulation, un réveil ?
puis un deuxième, viennent clore une brève évocation du passé
Aranda ! Il y avait un village.
Un jour para celebrar la despedida, estuve meando en la calle central
je m'en souviens, c'est loin, et je détestais ces gens coincés là, moi avec

2 - Coton
5h30, despertarse alucinado. Tout engourdi de sommeil !
La chambre est moche. Je me penche pour boire,
et là encore, portefeuille et passeport m'échappent.
Autobus. Fuite en avant. Le même morceau du même moi se regarde partir

3 - Érection
El viaje atras. Retour aux origines, et retour en arrière,
cheveux ongles vêtements comme avant
pays amis bar todo un mundo igual que antes
Moi-même je n'ai rien appris de mieux depuis : la fuite !
c'est ce qui rend le trajet entre l'Espagne et Paris impossible
ni remplacer l'absence par l'imaginaire, ni être ailleurs, ni savoir le dire

Avec Celia on va se couper les ongles à côté des chiottes de King Kong
la peau du visage me tourmente, éclaboussure de cidre comme une tâche de sang toutes images disparaissant dans un épais coton onirique. J'enlève ma veste et le froid me saisit au coude

4 - Atterrissage
On départagerait bien équitablement l'organisme les pensées les souvenirs,
comme un don d'ubiquité devenu raisonnable, soigneusement, au scalpel
dans les chairs, dans les nerfs, sur les os
ma rate en Castille, avec un œil pied, testicule
ma glotte et cette oreille, le pouce droit du côté qu'on suce : au pied de la tour
tout plutôt que d'admettre que deux pays peuvent se superposer
Au contact du sol, perdant une dimension, tout reprend sa place
nez, bouche, œil, pied, ongle, dent : je vais chez ce coiffeur impitoyable
parade, un peu piteux de ce nouveau caleçon,
et reviendrai bientôt, pourquoi pas ?

lundi 26 octobre 2009

AF 2308 - 25 octobre : I want you (& Paris)

1, 2, 3,
...4!, ni plus en parler jamais! Des A 319, de leurs sièges, camarades passagers, fasten your seatbelt, le hublot, combien d'heures?, et les 14 positions du sommeil inconfortable qu'il faut réciter dans l'ordre comme un rosaire
Et donc on était là sur la LibeStrasse avec Heike ma-sœur-mon-amour, hein, dans une Clio bien sûr, à qui viendrait l'idée absurde de marcher sur un billard pareil, sans jamais oublier qu'un groupement organisé de deux individus devrait filer côté droit, article R 412 - 42 oblige, et en colonne de moins de vingt mètres silvouplaît
Sur la route de la vie donc, entrée en convoi dans l'hiver, le vrai, avec sa lumière vive et froide, et l'horaire nouveau
Alors on a été voir un beau pinceau, tout en rouge et folie, le gars d'un coup jette une paire de seins au milieu de la salle, désarroi, gêne, consternation, moi j'aurais voulu en prendre discrètement un morceau comme dans ces rêves d'enfance, mais bon c'est délicat ces caméras qui vous regardent
Rue Albert Thomas tout rentrant tout guilleret vers le 1 boulevard Voltaire, il y avait un jour un scooter couché. Il ne roulait plus. Tout plein d'objets entouraient la carcasse et les gémissements du blessé. Culte transposé du boobs?, j'étais à l'époque très concentré sur une petite boussole, hop hop, du bout du pied, hop hop, rendra, hop hop, dira à personne... Il est reparti, debout
On a tout laissé donc, les seins de Otto, la boussole, l'homme resté dans mon imaginaire demi mort, demi vivant, tout quantique de pied en cap, et continué sur le billard d'avant, non sans dénoncer la trouvailles aux experts de ArtBoobs
Mais bon il fallait déjà revenir, on ne prend pas l'avion pour s'faire plaisir, mais pour rentrer, faire des listes, les poster, tomber sur ce pilote du bus AirFrance, et sa femme, les deux, et rouler tous tombeaux ouverts, et moi dedans et le sein dans la tombe qui me regarderait, ouf
Revoilà le ground chéri. Quelle excitation. Peut-être le micro mensonge d'un passage secret, le plaisir d'avoir abusé un gogo dans le troc Stuttgart vs Paris, ahah, rien vu, je file avec, encore une fois.
Ya un truc.
La nuit arrive avec une heure d'avance, l'homme s'étend, le peps s' éteint, on va continuer cette petite sauterie côté onirique, car on peut voyager sans quitter le sol me dit-on. Bin tiens, je vais voir de ce côté là, me figurer un nazemarket plein de corrélations, calé dans un micmac de draps en fine couche, mode hivernal, légère fraîcheur
puis l'eau coule dans la cuisine, et le voisin passe quand même, les voisins passent toujours quand même!, tout balayer d'un coup - accident grave de rêve en plein vol : 5h30 - j'en suis quitte pour recommencer : la nuit suivante.

vendredi 23 octobre 2009

AF2289 - 23 octobre : Bucarest-Paris mais en cachette, chuuuut

Pas d'accident de voiture, pas de portefeuille, non plus, pas de perte, ah, pas d'excès furieux non, pas une chose simple mais de vrais moments de vraies étreintes comment le dire tudieu,

un truc, fou

Alors ce 23 octobre, après que le troisième comptoir m'a répété le prix d'un changement du billet, la perspective d'un transit express sur Stuttgart s'évanouit. Une porte d'avion grossit dans mon champ visuel. Direction, Paris !
Pas moyen d'y échapper. Un jour le voyageur égaré (clin d'œil au tokyoïde) se transforme en "city-hopper". Un jour, un avion. L'Europe de gauche à droite. Traçant de gros traits dans le ciel communautaire. Imaginant le nez pointé au ciel des prophètes du chemtrail (ainsi vous n'ignorerez plus que vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas, hein).

Pas de retour véritable, pas de téléphone, pas de répondeur, pas de liste,
venir vite et se cacher derrière la butte,
le temps d'un somme penser, rêver: enlight your dreams !
voilà qui jette déjà mieux que l'open your eyes du matin,
du petit rush de retour vers ce voyage en pointillés.

On rêverait à une vraie gare centrale cachée dans la steppe, les trains sortiraient du fleuve tout fumants de vapeur dans un crissement fou d'essieux! Univers...
Kinshasa, Gare Centrale !
et avant d'y aller
on tuerait Delaunay
retrouverait un ami
foirerait une réunion,
et collapserait, debout, au milieu d'un repas

lundi 28 septembre 2009

AF 1889 - 27 septembre : existe-t-il drame moins conséquent ?

Il y aurait voyage, et vraie vie.

La vie : ce petit laps de temps passé à digérer entre deux plateaux repas dans la cabine. Les galley du futurs viendront jusqu'à mon lit, quel lit?, jusqu'à mon pieu, jusqu'au brancard, bientôt en service même dedans la boîte en pin. Entre deux rots, la vie en l'air, le voyage?, dès que possible, dès qu'un spectacle, une attente, un rendez-vous prend l'embuscade en sérieux.

Ce dimanche c'est retour, la journée s'essaye à l'humour bancal. Ainsi, alors que bon, voilà, j'avance, là, cool, déterminé à poster une photo de l'inénarrable, hop : par le jeu complexe de modification des registres, d'un sourire et de l'alcool?, on me découvre une serviette blanche, et des couverts en dur ! Calamitum !
Mais encore.

Je me trouve dans les toilettes des arrivées du 2F. Sur le mur devant moi une mosaïque bariolée en jette de toutes les couleurs. C'est bath. Le détail échappe aux tentatives d'accommodation de l'œil. Le tout prend l'allure d'un splash orange* assez furieux. La-haut un haut-parleur nous rabat sa rengaine contre cigarettes, grippes et mauvais étiquetage. La poche de ma veste tente quelques aguichants Bzzzzz, sentant confusément la dernière ligne droite, et Paris, et les gens.
A la douane, cette femme, trop que je l'aime, fait tournoyer sont ulcère au plafond, se met à bitcher sévèrement dès que posée sur le sol national. Ah mais aussi, hein, quel scandale, quelle organisation, quel foutoir. Et ailleurs c'était mieux, elle me vole cette idée?, organisé, policé, esclavagisé, dévoué à notre bon service.

Douane passée, l'heure approche.

Le mec déjà tout tripotant papier, stylo, ahah, de qui, et d'où? ces pulsations sur le réseau ? Et c'est là que bim, fuite de papiers, grande envolée, dissolvation, dissolument. Sans certitude, l'identité de Les Gens s'égaye dans la nature,

offrez votre Vitale à un inconnu
liquide dispersé en homéothéose
(ces Lei, Yens, Kwanzas)
et la photo de Malo ?
plus d'assurance de plus rien
ni de permis de ni de véhicule
et grouille-toi d'aller aux ugc car ces billets ne sont valables : qu'une semaine !

Apothéose et fin de voyage. Course d'un agent. Sourire chanceux. En stop et en silence revoir consciencieusement la liste de fourage de ce petit matelas bleu, farewell, hop hop

C'est pas brillant
Papier d'argent
C'est pas donné
Papier-monnaie
Ou l'on en meurt
Papier à fleurs
Ou l'on s'en fout

Laissez parler
Les p'tits papiers
A l'occasion
Papier chiffon
Puissent-ils un soir
Papier buvard
Vous consoler

Laisser brûler
Les p'tits papiers
Papier de riz
Ou d'Arménie
Qu'un soir ils puissent
Papier maïs
Vous réchauffer

Bon. On reviendra s'y consoler à grand coups de papanache (clin d'œil ému aux gastronomes) ?
Submerger cette sombre affaire sous un épais manteau de crème et coulis de fruit rouge, chercher réconfort au fond du tube digestif, regarder la vie au travers d'un goulot de Palinka.

*Quel petits carreaux de couleur suis-je? Mon prochain serait vert, ou je ne sais pas, orange, quizas ?

vendredi 18 septembre 2009

AF 2889 - 17 septembre : violent day

Roumanie, 13h passées, l'AF 2889 opéré par TAROM commence son accélération, fjiououuu.
Luttant contre le sommeil, je regarde la piste défiler au hublot : piquet, vache, piquet, vache, piquet... Et bien que ce Boeing 737-300 doive manger 264 km/h avant de lever le nez l'impression de vitesse reste modeste. Puis soudain, comme souvent auparavant : je m'assoupis, légèrement, la carlingue vibre... Réveil en sursaut alors que l'avion vire sur l'aile, c'est follement inquiétant, mais en un instant d'absence déjà un millier de mètres sont passés dessous, on vole!

3h15 de trajet, en faisant bien attention à se laisser porter par le vacarme ambiant (qui m'a bizarrement toujours enfoncé plus avant dans le sommeil), et en ménageant dix minutes pour les pâtes au poivre, petits bouts de viande indéfinissable*, une boisson, hop : il doit être possible de dormir.
Avec le temps de roulage, connexion de passerelle incluse, presque 3h de bon sommeil inconfortable, à se bagarrer avec des vestiges d'une nuit sans fin... Battement des puissants marteaux de forge, musique house et éclairs du stroboscope, reflets bleus du gin tonic sous la lampe de Wood, virevoltantes figures autour d'une barre de danse, haleine doucereuse et cacahuète-entêtante de ma voisine de gauche.
Les fiers guerriers sont revenus en désordre de cette lutte contre la nuit, mes yeux s'ouvrent un peu dans le RER qui file vers Denfert, et la place des martyrs.
Brûlure de palinka, moquette épaisse de l'Intercontinental, rues sombres de Valcia, moustache affolante du chauffeur, souvenirs confus d'un pays désolé par l'hiver, réunions mystérieuse et culte de Mendeleiev, cartons partout sur la route, somnolence, café, café, encore café!!!, tout le long de ta vie tu te concentrais sur le décollage, et toujours ratais l'instant crucial
Enfin couché. Je cligne des yeux. Par le hublot étroit de mes paupières défile à rebours la soirée, resto, bar, pérégrinations urbaines, bagarre vélib contre 4x4, aliens déguisés en crevettes, étreinte fugace, défilement du tapis à bagages, sourire convenu, bruit des roues à l'atterrissage, ...
Illusions vagues déjà généreusement barbouillées de sommeil : à nouveau, j'ai quitté terre. Par magie pneumatique ton corps flotte au dessus du sol à mon côté droit. Agité de mauvais songes, et moi en réaction agité des même oscillations en phase opposée. Dans la nuit notre navire file bon train, le voyage fut si bref, je ne sais plus quel cap, quelle destination, du rêve, de la réalité

Was she never here
Was she ever
Was it air she breathed
At the wrong time
On the wrong day
All the lights are fading now
If Im dreaming all my life
If Im dreaming all my life


*: ça y ressemble, mais c'est pas ça, sur les magnifiques prises de vue de airlinemeals

mercredi 2 septembre 2009

AF 017 - 1er septembre : What's wrong with you mother fucker ?

Courbevoie,
Courbevoie,
quelques secondes d'arrêt puis ce train déjà repart, stay clear from the closing doors please
je vais te revoir bientôt, inch'allah, puis c'est l'arrêt suivant : La Défense

Une transition en B 777 - 300 qui reste comme vague éponge mouillée entre deux rails de pinceau, les présents se confondent.

Et pourtant,
et pourtant,
Vœu enfin exaucé, Graal de la nappe blanche, et ma voisine était splendide, racée, précieuse. Sa veste trouée et moi comme le trou de la veste : invisible, renonçant vite aux tentatives et simagrées, pour revenir à l'adoration des courbes du fauteuil des rouleaux de massage de l'oreiller de l'écran du casque la table pliante silence, mes yeux se ferment, collapse. Tellement -collapse- que le cadeau de l'équipage y finit dissous.

Une skyline de pancakes au soleil couchant (reflets dorés du sirop) que remplace aux premières lueurs de l'aube un plateau intéressant, puis les trajectoires lumineuses des automobiles au sol : rouge blanc, et du noir.

Il reste alors 40 minutes de vol,
bientôt moins,
3500 pieds,
bientôt moins,
touchdown.

Au sol tous les avions d'Afrique nous rejoignent pour une belle foire en douanne, le temps de couvrir ce carton de quelques notes et voici tout à trac un camarade de l'AF 929, direct de Luanda dans le même genre de coucou, ce qui vaut pour aujourd'hui un retour en carrosse vers les portes de la ville...

11h38 - l'état de veille se prend de vertiges. Tout doucement. Encore. Sapé par un torrent mélange d'eau, pamplemousse, caféine, humeurs transnationales, smoothies aux goûts variés (avec ou sans laitage ?), poisons du voyage.
Dégringolée la longitude, sur ce rail courbe tel un méridien j'ai laissé de petits morceaux rouges, palpitants. Ce vol on l'devrait obligatoire, jambe d'académicien ou pas, je m'en fiche. Car comment oublier bottes, rats, berceuse tonitruante du subway, Amérique bonne enfant, black coffee with donnut, perspectives des avenues, stripes and stars ?

In truck stops and hamburger joints
In Cadillac limousines
In the company of has-beens
And bent-backs and sleeping forms
On pavement steps
In libraries and railway stations
In books and banks
In the pages of history
In suicidal cavalry attacks
I recognise...
Myself in every stranger's eyes

lundi 17 août 2009

AF9963(AZ) et AF9843 - 16 août : from PMO with love

Dix heure
et le premier jus de la 'Kikko Max Necta' -injure au ristreto italien- commence à diffuser dans l'organisme. Moins de deux cent mails, une liste de réjouissances qui tient sur un coin de papier, et le soleil tente une percée dans l'amas grisâtre qui nous sert de ciel. L'atmosphère mesure 100 à 120 km d'épaisseur, plus qu'assez pour l'usage qu'une civilisation raisonnable pourrait en faire, et beaucoup plus que ce qu'une mémoire défaillante voulait imaginer... Ambiance

Words are flowing out like endless rain into a paper cup
They slither wildly as they slip away
Across the universe

Pools of sorrow, waves of
joy are drifting through my opened mind
Possessing and caressing me

On célébrait alors douze ans de chute par dessus le parapet, entamant un retour bien lent, bien riche, bien chaud, vers la Gare Centrale. A Rome l'atterrissage commence vraiment avec une overdose de quotidiens, un truc à te retourner les yeux au dedans, ils y étaient tous, exemplaires interdits à la vente, feuilletés, parfois deux éditions différentes du même, les même dépêches remâchées de l'été, drames , chiens, lois estivales hâtives... PNC à vos porte... Dernier virage...
Au milieu d'un ramassis d'immondices, soupe de fibres emmêlées de crasse d'humidité d'humeur saline de sueur, le sac révèle un petit trésor, bottarga di tonno, à ne pas oublier jusqu'au 26 juin 2011, échéance dûment signalée par un premier message à l'inattention de mes complices de poêlon. Puis on s'intéresse au contenu des boîtes, le vibreur s'affole un moment puis retombe dans une douce léthargie aoûtienne...
Puis le bus. Puis le paillasson. Puis la ville : voici les avenues, leurs voitures qui filent, les gens sous un même ciel, seuls quelques grains du sol ont varié de nuances mais presque rien, et les feuilles discrètement jaunies. Sur le pont des arts des survivants salariés de la Ville organisent la résistance, complaintes marrantes, humeurs noyées d'un rosé bien vulgaire, passage des bateaux mouches.

C'était il y a juste quelques heures. Devant moi à cette table, splendide reine des lutins, pantalon blanc joli joli, et dans tes yeux un sourire. Il y avait la peau brûlante, le soleil implacable, la mer couchée sous l'horizon bien net. On a consciencieusement enregistré les bruits de vague et le sourire déjà un peu flou, ils s'intègrent dans le réseau des imaginaires, et la vie continue.

mercredi 15 juillet 2009

AF219 - 14 juillet 2009 : 11h50 Osaka

Douze heures vingt huit minutes en Boeing 777-300ER

C'est flightstat qui le dit, et ne se trompe jamais -quand l'avion arrive à destination, en tout cas-. On y monte par une passerelle, on en descend par une autre. Entre ces deux transits ce ne sont que phantasmes de boîte de conserve propulsée par un jet d'air chaud, prémisse de 'cohete*' filant depuis la Tour Unique, un jour de fête nationale...

Les réacteurs déchirent l'air glacé, Klaus Nomi clame par bouffées. Pulsions d'énergies cumulées. Jusqu'au climax. Redescente, atterrissage. "Let me freeze to death" !

Au débarcadère, quelques premières conséquences du jet lag : erreur de tapis roulant, attente vaine de bagage, c'est l'instant délicieux de confusion mêlée d'un fol et simple enthousiasme. J'écoute la boîte vocale réciter sa litanie, sept messages, quatre missives SMS.


La confusion à son apogée me fait imaginer une place de l'étoile envahie par la légion, les corps de résistants, militaires, survivants, les camions du génie sont là pour extraire le cœur de la flamme éternelle, ma voisine du bus Air France a prévu de voir le feu d'artifice depuis son balcon, le périphérique est fluide, le téléphone commence à crépiter d'appels et en plissant les yeux je distingue de petites étincelles bleues au bout de son antenne. Les femmes sont belles.

La ville en dix jours a vu filer toute un bout de plèbe en migration saisonnière. On file se reproduire sur des terrains semés de tentes, épaissir son derme sous un flux de radiations solaires, le Vélib' n'a plus de concurrents, les avenues : désertes. Il fait un temps comme le plus beau jour, on fermerait les yeux pour respirer à fond si ce n'était là un suicide bête à casser une blonde à coup de trottoir acéré. Yeux ouverts donc, parking, bip, bip, voici enfin chez Georges pour une découverte du chantier, splendide.

Ce soir au bal, je serai avec la plus belle, reine des lutins.


What Power art thou, Who from below, Hast made me rise, Unwillingly and slow, From beds of everlasting snow! See'st thou not how stiff, And wondrous old, Far unfit to bear the bitter cold. I can scarcely move, Or draw my breath, I can scarcely move, Or draw my breath. Let me, let me, Let me, let me, Freeze again... Let me, let me, Freeze again to death!

*: Un cohete es un vehículo o aeronave que obtiene su empuje por la reacción de la expulsión rápida de gases de combustión.